Suède : le ténor Rickard Söderberg transforme les insultes en cantate
Le chanteur lyrique est une vraie star dans son pays. Il donne aussi de la voix au profit des droits LGBT+ et interprétera prochainement une cantate créée à partir d'une lettre d'insulte adressée à l'opéra.
En Suède, le ténor Rickard Söderberg est une célébrité : si sa spécialité est bien la musique classique et l’opéra (Mozart, Bach et Wagner ont ses faveurs), son look et ses combats pour les causes LGBT+ font qu’on ne le prendra pas pour un André Rieu suédois.
Celui qui, en 2013, avait demandé à ce que l’ambassade de Suède à Moscou dresse un drapeau LGBT à l’occasion de la Pride de Stockholm, et avait tenté de participer à l’Eurovision en 2015, vient de nouveau de faire parler de lui. Et d’une bien jolie façon.
Comme le rapporte le magazine suisse 360°, le chanteur avait participé en début d’année à un récital rendant hommage aux compositeurs gay et bisexuels donné au Konserthus (opéra) de Helsingborg.
Un client courageusement anonyme s’est plaint de la programmation dans une lettre que le ténor a jugée homophobe. Non content de résilier son abonnement, le mauvais coucheur accusait la salle de « prendre en marche le train des pédés », et déclarait avoir eu envie de vomir pendant le concert. « Quand je l’ai lue (la lettre, ndlr), j’y ai perçu de la haine banale, mais exprimée d’une manière plutôt poétique », a raconté Rickard Söderberg.
« On fait ce qu’une institution artistique devrait faire : refléter l’époque à travers l’art »
Drapé dans sa cape rainbow, le soliste a tout simplement décidé de transformer ces jérémiades haineuses en « une cantate du train des pédés ». Il a été aidé dans cette tâche par Fredrik Österling, le compositeur et chef d’orchestre de l’opéra d’Helsingborg. Les deux hommes ont expliqué leur démarche en ces termes : « Nous nous sommes efforcés de scruter les émotions que l’expéditeur essayait d’exprimer. En somme, nous faisons ce qu’une institution artistique devrait faire : refléter l’époque à travers l’art »
Le morceau sera joué cette semaine pour la première fois, et quelle meilleure façon que de combattre l’homophobie que de rendre à César ce qui est à César ? Deux billets attendent l’auteur de la lettre, « au cas où il souhaiterait venir écouter « son » œuvre », précise le site de la télévision SVT qui relate l’affaire.