La pride de Rennes pourra-t-elle s'afficher dans les transports de la ville ?

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L'antenne locale de Keolis, le Star, n'est pas chaude. Mais le centre gay, lesbien, bi et trans de Rennes n'a pas dit son dernier mot. D'ailleurs, la municipalité non plus... Les négociations ne font que commencer.

Campagne #LikeAStarSansFierté à Rennes
Campagne #LikeAStarSansFierté à Rennes

Le 25 mai dernier, le Centre gay, lesbien, bi et trans (CGLBT) de Rennes a annoncé sur les réseaux sociaux que sa demande d’affichage sur les écrans d’information des transports de la ville n’avait pas été validée. Contactée par Komitid, la filiale locale de l’entreprise privée Kéolis le Star (Service des transports en commun de l’agglomération rennaise) a invoqué un « souci de neutralité » pour motiver son refus de relayer les affiches de la pride ses écrans.

« Cette décision n’est pas neutre »

Une décision qui a, bien entendu, fortement chauffé les oreilles des militant.e.s en charge de l’organisation de la marche des fiertés rennaise, prévue pour le 16 juin prochain. Le CGLBT de Rennes a donc lancé le hashtag #LikeAStarSansFiertés, pour inciter les internautes à partager les conséquences de cette dite neutralité sur le quotidien des personnes LGBT+ dans les transports en commun de la ville.

Réactions et témoignages de discriminations LGBTphobes ont rapidement afflué sur le mot-dièse.

 

La directrice de communication du Star, Armelle Billard, déplore « un déferlement de faux procès, extrêmement blessant » et regrette que les militant.e.s qui donnent de la voix à leur mécontentement suite à cette décision « se trompent d’ennemi ». Elle assure que cette vague d’indignation fait suite à un malentendu sur la forme, concédant que le mail type de refus adressé au CGLBT était sans doute un peu froid, et qu’elle aurait pu directement recevoir les activistes concerné.e.s pour expliquer la situation.

Mais l’employée de Keolis ré-affirme fermement la position de la société de transport, décidée en commission : « Nous avons une charte : on parle de neutralité parce qu’on dit que nos partenariats n’ont aucune orientation politique, d’opinion ou religieuse. Nous avons donc aussi étudié la demande de la marche des fiertés, qui au-delà d’être un simple défilé, est aussi -et d’ailleurs l’affiche le montre- une manifestation qui défend des causes qui sont éminemment politique puisqu’on a notamment la GPA pour toutes (le CGLBT dément, ndlr), la demande d’asile systématique pour toute personne qui demande protection suite à des actes homophobes… des sujets qui sont encore aujourd’hui en débat dans notre société. Le service public Star n’a pas vocation à annoncer des manifestations qui vont au-delà des discriminations, bien que nous les condamnions, évidemment  ». Et d’ajouter, pour tempérer : «  La marche des fiertés n’a jamais eu forcément besoin de nous puisqu’on ne nous avait jamais demandé cet affichage jusqu’à présent, et ça ne concerne que 4 stations de métro sur les 15, soit 8 écrans donc ça ne les freine pas, même si ça aurait été un plus très symbolique pour eux. Ils ont été heurtés par le fait que le service public ne les accompagne pas  ».

Désaccords entre la ville et son réseau de transports

Armelle Billard assure que la Star reste une société ouverte aux questions de société, arguant que des feux rouges similaires ont déjà eu lieu pour des messages sur le développement durable, en raison d’une position trop tranchée contre le nucléaire en France. « On n’est pas neutres sur les discriminations, on est super engagé.e.s là-dessus, nous sommes un transport pour tout le monde avant tout et on travaille beaucoup sur l’inclusion, l’insertion, le handicap, sur plein de thématiques… ». Et sur les questions LGBT ? « Pas directement  », répond-t-elle. «  À partir du moment où ils (les membres du CGLBT, ndlr) sont aussi dans le groupe de travail sur le harcèlement, c’est aussi contre le harcèlement LGBT dans les transports évidemment. Ça n’a pas été une thématique spécifique mais je suis prête à travailler dessus avec eux puisqu’on travaille déjà ensemble.  »

« Si on est dans le groupe de travail, je ne suis pas au courant !  », s’exclame Élian, l’administrateur du centre, à propos de cette collaboration qu’il semble découvrir, au téléphone avec Komitid. En revanche, le militant annonce que Rennes Métropole propose justement aux membres du CGLBT de prendre part au dit groupe sur le harcèlement, jusque là focalisé sur les questions féministes, afin d’y inclure les problématiques LGBT+. «  Nos interlocuteurs et interlocutrices se sont dits choqué.e.s par la réaction de Keolis. La Mairie nous soutient, même si elle n’a pas la main mise là-dessus, elle veut nous accompagner pour trouver une solution auprès de Keolis, nous négocierons lors de notre prochaine réunion  », poursuit Élian, satisfait des « retours engageants » d’une première rencontre avec Rennes Métropole, lundi 28 mai.

Le président de Rennes Métropole, Emmanuel Couet, ainsi que la maire socialiste de la ville, Nathalie Appéré, ont manifesté leur soutien au centre, et à la marche des fiertés, sur les réseaux sociaux.

La structure intercommunale a annoncé sa volonté de mettre en place sa propre ligne de communication sur la marche des fiertés, pour appuyer celle la manifestation officielle. Élian salue ces «  gages publics de soutien », mais maintient que les militant.e.s du CGLBT restent «  mobilisé.e.s et vigilant.e.s ». Une seconde réunion aura lieu ce jeudi matin avec Rennes Métropoles, les négociations ne font que commencer, à J-16 de la manifestation.