« Solo: A Star Wars Story », « Gueule d'ange » et « La fête des mères » : notre critique ciné de la semaine
Cette semaine, on retourne à l'état originel (ou tout du moins on le questionne) avec la jeunesse de Han Solo, un drame ensoleillé sur les rapports parent.e.s/enfants et un film qui aborde le droit à ne pas enfanter.
Solo : A Star Wars Story
Réalisation : Ron Howard
Science-fiction – Etats-Unis – 2018
Distribution : Alden Ehrenreich (Han Solo), Emilia Clarke (Qi’Ra), Woody Harrelson (Tobias Beckett), Joonas Suotamo (Chewbacca), , Thandie Newton (Val), Phoebe Waller-Bridge (L3-37), Paul Bettany (Dryden Vos), Donald Glover (Lando Calrissian)
Han Solo, contrebandier et pilote, se voit proposer par Tobias Beckett de travailler pour le caïd Dryden Vos. Il accepte pour l’argent, mais aussi pour se rapprocher de son amour de jeunesse.
Ron Howard, réalisateur polymorphe, est aux manettes de ce préquel de la saga Star Wars, et il relève le défi haut la main. Enfin un épisode digne de la célébrissime trilogie, celle de 1977.
Note : 4/5
On en apprend un peu plus sur le personnage-titre, comment il a hérité de ce nom ou rencontré son acolyte Chewbacca. Solo est le héro de foisonnantes aventures intergalactiques truffées de combats spectaculaires. Tout l’esprit du premier film est ici respecté, pour notre plus grand bonheur. Le scénario, malin et travaillé, est bien moins compliqué que ceux des derniers tomes, qui (pour moi) font un peu du sur-place.
Grâce à des effets spéciaux convaincants et des décors à couper le souffle, on en a plein les mirettes. Pour une fois, je ne me suis pas ennuyé une nanoseconde, et rien que ça, ça vaut une ola. Good job, Ron !
Quant à Alden Ehrenreich, il reprend brillamment le flambeau et fait un Han Solo très craquant. Encore une autre raison d’aller voir ce blockbuster.
Vivement la suite !
(Pensez aussi à relire : https://www.komitid.fr/2018/05/19/star-wars-solo-lando-calrissian-pansexuel-queerbaiting/ )
Gueule d’ange
Réalisation : Vanessa Filho
Drame – France – 2018
Distribution : Marion Cotillard (Marlène), Ayline Aksoy-Etaix (Elli), Alban Lenoir (Julio), Stéphane Rideau (Jean), Amélie Daure (Chiara)
Une petite fille vit seule avec sa mère. Un jour, cette dernière l’abandonne plusieurs jours. Heureusement, elle rencontre Julio, un forain, qui va s’occuper d’elle.
Gueule d’ange, c’est Elli, 8 ans. Marlène est la femme instable et portée sur la bouteille qui lui sert de mère. Ce point de départ aurait pu virer au misérabilisme auteurisant, mais Vanessa Filho évite élégamment cet écueil.
Note : 4/5
Photographe et clipeuse, c’est son premier long métrage. Et c’est un coup de maître. Elle filme avec sensibilité le désespoir de l’enfance face aux turpitudes des adultes. Il y a quelque chose du cinéma des frères Dardennes – c’est un compliment -, une vérité, mais aussi beaucoup de lumière. Elle traite de sujets qui fâchent, comme l’irresponsabilité de certain.e.s parent.e.s, l’alcoolisme des enfants et la dépendance affective. Et même de la cruauté dont peuvent faire preuve les mouflet.te.s.
Marion Cotillard, sans surprise, est épatante en fêtarde indécrottable, qui arbore toute la panoplie de « la cagole ». Sa technique fait ici des miracles, et on est tiraillé entre l’envie de la gifler et celle de la consoler. La petite Ayline Aksoy-Etaix est très juste, elle aussi.
Ce très beau drame ensoleillé a été présenté au Festival de Cannes dans la section « Un Certain Regard ».
Ne le manquez pas !
La Fête des mères
Réalisation : Marie-Castille Mention-Schaar
Comédie dramatique – France – 2018
Distribution : Audrey Fleurot (Anne), Nicole Garcia (Ariane), Clotilde Courau (Daphné), Olivia Côte (Nathalie), Vincent Dedienne (Stan), Pascale Arbillot (Isabelle), Carmen Maura (Thérèse)
D’horizons divers, des épouses, soeurs et amies se demandent si elles sont de bonnes mères, comment concilier leur vie de femme et leur vie de maman, ou même si elles désirent le devenir.
Ce gentil film choral pourra toucher le monde. La réalisatrice nous parle des difficultés que rencontrent toutes les mamans du monde (ou presque). De leurs questionnements : est-ce que je fais tout comme il faut ? Mon enfant est-il/elle heureux.se ? En fais-je assez pour ma famille ?
En filigrane, elle sonde aussi la place des mères, et plus généralement des femmes, dans la société et le monde du travail. Elle ose même imaginer l’impensable : une présidente de la République française, avec un bébé de surcroît. Un fantasme dans notre beau pays…
Note : 3/5
Elle met également en lumière des interrogations plus profondes. Celles de ces femmes qui refusent d’avoir des enfants, qui n’ont pas ce besoin viscéral de porter la vie, et d’être parentes. Ce qui, dans toutes les sociétés, est encore mal vu. Pour elle, être mère ne va pas de soi, c’est parfois un long chemin. Elle aborde aussi, mais fugacement, la parentalité vu par un couple d’hommes. Mais c’est ici très accessoire.
Cette superbe brochette d’actrices nous fait passer un plaisant moment où affleurent l’émotion et la tendresse, avec quelques touches ici et là d’humour subtil. Si cette fête des mères n’est pas inoubliable, elle tombe à point nommé (marketing, marketing).
Tou.te.s à vos colliers de nouilles !
Également à l’affiche cette semaine :
L’Homme qui tua Don Quichotte (réalisé par Terry Gilliam) : il aura fallu 25 ans à l’ancien Monty Python pour finalement voir aboutir sa vision de Don quichotte. On serait tenté de dire : « Tout ça pour ça ? ». Le film, trop long, est laborieux et ne parvient à susciter l’intérêt du spectateur que dans son dernier tiers. Gillian manque d’inspiration et ne retrouve son invention visuelle qu’à de rares moments. Le documentaire de 2003 Lost in la Mancha qui retraçait l’échec du tournage avec Jean Rochefort et Johnny Depp était plus intéressant que le produit fini.
Le Ciel étoilé au-dessus de ma tête (réalisé par Ilan Klipper) : ce petit film à l’évident petit budget a été présenté à Cannes dans la sélection Acid… l’année dernière ! et on comprend pourquoi il a peiné pour arriver sur nos écran. C’est loufoque, oui, mais c’est aussi brouillon et pas toujours bien joué. Même la photographie est laide. Y’a quoi d’autre à l’affiche ?
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