PMA, « Ligue du LOL », Brésil, Stonewall : quels événements ont marqué 2019 ?

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La dernière année de la décennie a connu son lot de nouvelles bonnes et moins bonnes (voire franchement mauvaises). Alors que 2019 s'achève, Komitid a voulu regarder dans le rétro. Avec forcément des partis pris et sans doute aussi des oublis. 

evenements 2019
Les événements marquants de 2019 - Roca Balboa

L’événement de l’année : la PMA, enfin !

2012-2019. Ce ne sont pas sept ans de réflexion qu’il aura fallu pour que la PMA arrive enfin à l’Assemblée Nationale, mais sept longues années de renoncements et de valse-hésitations. François Hollande, qui aurait pu la faire voter en même temps que le mariage pour tous ou un peu plus tard dans la loi Famille, a affirmé après coup qu’avoir abandonné l’ouverture de la PMA aux couples de femmes et aux femmes seules était l’un de ses plus grands regrets. Un peu facile. D’autant que l’ancien président n’a pas seulement fait obstacle à cette revendication ; en demandant au Comité consultatif national d’éthique de s’autosaisir de la question, il a fourni l’instrument qui a permis de renvoyer cette modification de la loi aux calendes grecques. Candidat à l’élection présidentielle, Emmanuel Macron avait promis d’agir après l’avis du CCNE.

Celui-ci a finalement rendu un avis en 2018. Un avis positif en trompe l’œil, qui préconisait l’ouverture de la PMA tout en reprenant les éléments de langage des homophobes.

Emmanuel Macron s’était aussi engagé à ne pas faire durer les débats. Raté. L’inclusion de la PMA dans la révision des lois de bioéthiques et le grand débat national qui a suivi a permis à la Manif pour tous et ses sbires de tenter une nouvelle mobilisation sur le sujet. En vain.

Le 24 septembre, les député.e.s ont enfin commencer à examiner le texte. Grâce à la modification du règlement de la chambre basse du Parlement, les débats se sont moins étirés en longueur que lors du mariage pour tous. Et puis on a pu voir cette image hilarante de la députée LREM Agnès Thill, sorte de Christine Boutin du pauvre (c’est dire) rater de peu le vote sur le plus important article de la loi.

On regrettera que les député.e.s et le gouvernement s’arrêtent en chemin et n’ouvre pas la PMA pour les hommes trans. Et que sur la question intersexe, l’amendement voté ne satisfasse par les associations de personnes concernées.

La PMA devrait donc être ouverte début 2020, mais il restera encore du chemin à parcourir.

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Société

Adèle Haenel

Côté société, l’événement le plus fort était sans aucun doute le témoignage d’Adèle Haenel sur le plateau de Mediapart Live le 3 novembre. Pendant plus d’une heure, l’actrice a raconté les violences sexuelles perpétrées par le réalisateur Christophe Ruggia, qu’elles a subies de 12 à 15 ans. Dans la continuation du mouvement #BalanceTonPorc, la prise de parole d’Adèle Haenel, a permis de libérer la parole des femmes autour des agressions sexuelles dans le domaine du cinéma.

« Ligue du LOL »

Le scandale de la « Ligue du LOL » a éclaté au grand jour en février, révélant l’existence d’un groupe de discussion composé d’hommes journalistes, communicants et publicitaires. Les membres de ce véritable « boys’ club » l’ont utilisé pour harceler des femmes, ainsi que des hommes LGBT+. Cette affaire a été décrite comme un #MeToo du journalisme français.

GPA

Après la PMA, c’est la GPA qui a pu célébrer des victoires judiciaires. C’est en 2019 qu’ont été rendus les premiers arrêts en faveur de la reconnaissance de filiation pour les enfants nés à l’étranger par GPA. L’arrêt historique « Mennesson », rendu le 4 octobre, a lancé une jurisprudence, suivie par la Cour d’appel de Rennes le 25 novembre. Enfin, le 18 décembre, la Cour de cassation a statué pour étendre sa jurisprudence aux couples de même sexe, faisant primer l’intérêt général de l’enfant.

Alan Turing

De l’autre côté de la Manche, la Banque d’Angleterre a annoncé en juillet que le mathématicien Alan Turing ornera les billets de 50 livres. Celui qui a réussi à briser la machine Enigma nazie et considéré comme le père de l’ordinateur, a été condamné à un traitement de castration chimique car il était homosexuel. Il sera la première personnalité LGBT+ à figurer sur un billet de banque britannique.

 

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International

L’égalité progresse peu à peu dans le monde

Le mariage a été ouvert pour les couples de même sexe en Autriche au 1er janvier 2019, grâce à une décision de la Cour constitutionnelle en 2017.

Le 22 octobre, le Parlement britannique a ouvert le mariage aux couples de même sexe et légalisé l’avortement en Irlande du Nord, autorisés respectivement dans le reste du Royaume Uni depuis 2013 et… 1967.
Les couples gays et les couples lesbiens peuvent donc désormais se marier dans 28 pays.

Côté dépénalisation, on notera deux avancées significatives.

Le 23 janvier, l’Angola a supprimé un article de son code pénal datant de l’ère coloniale portugaise qui pénalisait les relations entre personnes de même sexe.
Le 11 juin, la Haute Cour du Botswana lui a emboîté le pas en rejetant les articles du code pénal qui prévoyaient jusqu’à sept ans de prison pour les relations entre personnes de même sexe.

Selon l’Ilga, il reste 68 pays où l’homosexualité est illégale dans le monde, ainsi que deux autres où elle est « de facto » illégale (chiffres de décembre 2019). Début décembre, le Gabon a rejoint ces pays.

L’homophobie progresse aussi

Au Brésil, le 1er janvier marque le début du mandat du nouveau président, Jair Bolsonaro. On le savait violemment homophobe (il avait déclaré préféré avoir un fils mort que gay), il n’a pas déçu. Depuis sa prise de fonction, il n’a cessé de s’en prendre aux personnes LGBT+, par tous les moyens à sa disposition, en s’attaquant aux subventions pour les films LGBT+, en supprimant la question LGBT+ du ministère des Droits de l’Homme et en affichant à chaque occasion possible sa LGBTphobie.

En Pologne, 87 provinces, comtés et municipalités polonaises ont adopté des lois et se sont déclarées soit « libérées des LGBT » soit « libérées de l’idéologie LGBT » depuis le début de l’année, soutenues par l’extrême droite au pouvoir. Plusieurs député.e.s européen.ne.s ont alerté le Parlement européen sur le sujet fin novembre. L’institution a finalement condamné en décembre cette pratique et a réclamé un contrôle accru de l’utilisation des fonds européens.

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Arts et culture

Agnès Varda

C’est en mars 2019 qu’Agnès Varda nous a quitté.e.s. La réalisatrice de Cléo de 5 à 7 était une pionnière du droit des femmes. Féministe, engagée et visionnaire, elle a notamment signé en 1971 le « Manifeste des 343 », un appel à la légalisation de l’avortement. Elle était l’une des premières femmes cinéastes et a permis, grâce à ses œuvres, d’aborder des sujets controversés.

Bilal Hassani

Bonsoir Paris ! Bilal Hassani a représenté la France pour la 64ème édition du concours de l’Eurovision. Avec sa chanson Roi , le jeune chanteur a porté un message de tolérance, alors qu’il a été victime d’une déferlante de haine homophobe.

« Portrait de la jeune fille en feu »

2019 a également été une belle année pour le cinéma LGBT+. Céline Sciamma a proposé Portrait de la jeune fille en feu, avec Noémie Merlant ainsi qu’Adèle Haenel, avec qui elle collabore pour la quatrième fois. Les deux actrices incarnent respectivement une peintre et sa muse, qui tombent amoureuses au 18ème siècle. Ce film bouleversant a été acclamé par la critique. Il a reçu le Prix du Scénario et la Queer Palm au Festival de Cannes et est nommé dans la catégorie du meilleur film en langue étrangère aux Golden Globes.

« Coming Out »

Denis Parrot a créé le documentaire bouleversant Coming Out, construit intégralement avec des vidéos où des personnes révèlent à leurs proches qu’ils et elles sont LGBT+.

« Lola vers la mer »

On a également vu – et aimé – Lola vers la mer de Laurent Micheli, avec Benoît Magimel et Mya Bollaers, dans son premier rôle. Ce road-movie raconte les retrouvailles compliquées entre une jeune femme trans et son père.

« Champs d’amour »

On est allé.e.s à l’exposition « Champs d’amour », à l’Hôtel de Ville de Paris. Pour la première fois au monde, cette exposition XXL est revenue sur 100 ans de cinéma LGBT+.

« Years and Years »

Sur le petit écran, la mini-série Years and Years de Russel T. Davies a choisi de mettre les droits LGBT+ au centre de son intrigue. Au cours des six épisodes, la série imagine le futur proche de la société britannique, dans lequel évolue notamment Viktor, un demandeur d’asile ukrainien gay.

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Anniversaires

La mémoire ça s’entretient. En cette année 2019, on a commémoré bon nombre d’anniversaires. Nous en avons retenu quatre.

Le plus marquant était sans doute le cinquantième anniversaire des émeutes du Stonewall Inn à New York en 1969. De nombreuses marches des fiertés s’en sont faites l’écho dans le monde entier et une place des émeutes de Stonewall a été inaugurée à Paris. L’occasion aussi de réexaminer 50 ans d’histoire LGBT+ des deux côtés de l’Atlantique.

2019, c’était aussi l’année des 30 ans d’Act Up-Paris, et des 25 ans de la disparition de son deuxième président, Cleews Vellay, mort en 1994 à 30 ans du sida. Le militant a désormais une Promenade à son nom à Paris, inaugurée le 30 novembre.

On a célébré par ailleurs les 20 ans du Pacs, voté en novembre 1999.

Cette année marquait aussi le vingtième anniversaire du Transgender day of remembrance (TDoR).

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