3 questions à Mickaël et Kévin, le premier couple à avoir adopté un enfant dans son département
« On espère que la réussite dans notre projet va ouvrir le champ des possibles et inciter d'autres couples à entamer les démarches. »
« Ça y est, il va y avoir du bazar à la maison ». Mickaël, 34 ans, et Kévin, 29 ans, mariés depuis bientôt trois ans, forment le premier couple d’hommes qui a réussi à adopter dans son département (qu’ils ne souhaitent pas renseigner). Il y a un peu plus d’un mois, ils ont accueilli une petite fille de 15 mois prénommée Sasha. La facilité et la rapidité de leur parcours sonnent comme une exception au vu du nombre très faible d’enfants adoptables en France et le peu de couples de même sexe qui ont réussi à adopter. À l’occasion du cinquième anniversaire de la loi mariage et adoption pour tous, ils ont décidé de livrer un message d’espoir aux autres couples.
Que l’on soit un couple homo ou hétéro, le parcours d’adoption est réputé très long et compliqué. Pourquoi avoir choisi l’adoption et quelles ont été vos craintes ?
Mickaël : Même si ça semble compliqué, c’est le moyen qui nous paraissait le plus simple et le moins onéreux. La gestation pour autrui (pratique illégale en France) ne nous semblait pas financièrement accessible et la co-parentalité ne nous correspondait pas. L’avantage pour nous c’est le cadre légal qu’offre l’adoption, à la fois pour l’enfant et pour nous en tant que couple.
Kévin : En déposant le dossier, on est partis du principe qu’on devait essayer, comme ça on n’aurait pas de regrets. Comme on sait que l’attente peut durer quatre ans en moyenne, on s’était même projetés dans l’idée d’obtenir un deuxième agrément. On s’attendait à des questions intrusives, des choses dures alors que finalement, ça s’est fait naturellement.
Avez-vous rencontré des difficultés relatives au fait que vous formez un couple d’hommes ?
M : Au départ on a eu peur d’être jugés mais très vite, lors des échanges, on s’est rendus compte qu’on avait face à nous des personnes ouvertes d’esprit par rapport à notre couple, et qui n’étaient là que pour nous faire réfléchir sur notre projet. Ça nous a fait beaucoup avancer, on s’est questionnés sur des sujets auxquels on n’avait pas vraiment pensé, des questions sur lesquelles nous ne nous étions pas concertés, mais qui nous ont permis de voir que l’un et l’autre, on était sur la même longueur d’onde sur la parentalité. Ça nous a permis de renforcer notre projet d’adoption.
« Les professionnels nous voyaient avant tout comme des parents »
K : Les professionnels nous voyaient avant tout comme des parents avant de nous voir comme un couple homosexuel, et on en a vu beaucoup. On s’était mis des barrières pour se protéger mais on a senti que les principales préoccupations concernaient l’intérêt de l’enfant. Trouver deux personnes équilibrées qui ont de l’amour à lui donner, tout pour l’accueillir dans de bonnes conditions et lui assurer le meilleur avenir possible. On a quand même confié à l’éducatrice spécialisée qui suit l’évolution de Sasha qu’on avait énormément de chance, elle nous a répondu : « Ce n’est pas de la chance, on ne tire pas au sort des noms, si vous en êtes là aujourd’hui, c’est grâce à ce que vous êtes. »
Ce lundi 23 avril 2018 marque le cinquième anniversaire de la loi ouvrant le mariage et l’adoption à tous les couples. À cette occasion, vous qui venez d’en apprécier les plus belles conséquences, quel message souhaitez-vous porter ?
M : En étant les premiers du département, on a l’impression d’ouvrir une porte. Ce n’est pas tant une fierté mais simplement donner de l’espoir à d’autres couples homosexuels, ouvrir le champs des possibles et les inciter à entamer les démarches. C’est aussi pour ça que l’on veut partager notre expérience, parce qu’il y a beaucoup de couples qui s’arrêtent à l’image de l’adoption comme étant quelque chose de très intrusif, de difficile et long. Nous ça a été relativement rapide et on l’a très bien vécu.
« Donner de l’espoir à d’autres couples homosexuels »
K : Tout ce qui s’est passé en parallèle de la loi, la Manif pour tous, les manifestations, toutes ces choses dégueulasses que l’on a entendu nous ont beaucoup touchés. Mais ça nous a renforcés dans notre envie d’avoir les même droits que les autres, de prouver que nous ne sommes pas différents, juste deux personnes qui s’aiment. C’est basique. Il y aura toujours des gens qui penseront différemment de nous, que ça soit dans la rue, à l’école… Sasha l’entendra forcément. Aujourd’hui, on est les premiers et nous espérons ne pas être les derniers.
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emie-lie
Heureuse de voir votre bonheur. Belle vie à vous 3. Et surtout , profité à fond , ils grandissent trop vite….
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norjo
Longue et belle vie à Sasha, entourée d’amour par ses deux supers papas.