Alliance Vita ouvre un faux pop-up store à Paris, pour louer des ventres et acheter des bébés

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L'association a ouvert pour quelques jours une « boutique » pour « dénoncer les conséquences de la prétendue PMA pour toutes ». Contacté par Komitid, le gérant de la boutique a confié qu'il était bien au courant qu'Alliance Vita y avait élu domicile... sans savoir de quelle façon. 

capture ecran passage choiseul
Le Passage Choiseul vu de la rue - Google Street View

Des bébés avec des codes-barres, des mannequins de femmes enceintes estampillés « GPA », des mannequins hommes dont les têtes sont recouvertes de cartons… L’association dite pro-vie Alliance Vita ne manque pas d’imagination pour exprimer sa farouche opposition à l’ouverture de la PMA à toutes et tous, actuellement discutée dans le cadre des États généraux de la bioéthique. « Location-Ventre-Achat » et « Conception sur mesure », voilà les inscriptions que l’on peut lire en devanture de ce que l’association fondée par Christine Boutin en 1993 appelle un « showroom clandestin ».

Cette boutique éphémère est située dans le passage Choiseul, une galerie commerciale prestigieuse du quartier de l’Opéra à Paris. Dans une volonté d’interpeller le Président de la République pour « dénoncer les conséquences de la prétendue PMA pour toutes », Alliance Vita n’a pas manqué d’inviter les médias dans le cadre d’une conférence de presse mardi 17 avril. Résultat : un article dans La Croix, un autre dans Famille Chrétienne.

Contacté par Komitid le mercredi 18 avril, Gabriel Corbet, le gérant de la société Tessalonia qui possède les locaux, a affirmé être au courant que ses nouveaux locataires étaient bien Alliance Vita, mais non de ce qui allait être exposé à l’intérieur : « J’étais au courant que c’était Alliance Vita, j’ai fait une mise à disposition entre deux sociétés pour cinq jours (…)  Est-ce qu’ils ont fait quelque chose de contraire à l’ordre public ? Je ne crois pas. », a-t-il déclaré, indiquant pourtant qu’il allait se rendre sur place pour constater de lui-même ce qui est « en vente » à l’intérieur.

Sur Twitter, de nombreux.ses internautes sont resté.e.s estomaqué.e.s face à la naissance d’une telle « boutique ».


Parmi eux, le co-président de l’Association française des avocats LGBT (AFALGBT), Florent Berdeaux : « On est quand même à deux doigts de l’incitation à la haine… (…) ».


Florent Berdeaux nous a fait part de sa vision : « Il faudrait voir dans les conditions générales comment est déterminé l’objet de la location. Il est probable que cela exclut les activités risquant de créer un trouble à l’ordre public, ce qui est clairement le cas de cette boutique ultra choquante. », a-t-il expliqué, avant de compléter : « L’ouverture de la “boutique” en soi ne semble pas susceptible de tomber sous le coup de l’incrimination “provocation à la haine ou à la discrimination”. En revanche, il en va autrement des propos tenus publiquement par Tugdual Derville (délégué général de Alliance Vita, ndlr) et repris dans l’article de Famille Chrétienne : “Toutes les formes de mobilisation sont envisagées. Tout est possible. Aujourd’hui, une digue est en train d’être attaquée et il va nous falloir la défendre”, suivi de “À bon entendeur”, que rajoute le journaliste : on pourrait y lire une menace directe à l’appel à la violence si le gouvernement n’entend pas l’ultimatum. ». 

La Mairie de Paris n’est pas en capacité d’intervenir dans ce qui reste un établissement privé. Cependant Hélène Bidard, adjointe à la Maire de Paris, a réagit sur Twitter avec force : « cette secte insulte les parents, les enfants, les familles, elle méprise l’égalité, amplifie les LGBTphobies et les discriminations ! ! ! ».