Cannes 2018 : le changement, c’est maintenant 

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La conférence de presse du Festival de Cannes a eu lieu hier. Découvrez tout ce que vous vouliez savoir sur cette 71e édition.

Cannes 2018
Pierrot le fou © Georges Pierre

Une sélection pointue qui laisse place aux petits nouveaux : avec presque vingt films en compétition, dont quasiment la moitié sont signés par des réalisatrices et réalisateurs jamais venu.e.s sur la Croisette, le Festival de Cannes 2018 va tenter de panser les plaies d’un milieu post-ère-Weinstein encore vivement traumatisé. Un vent de fraîcheur soufflerait-il sur la Côte d’Azur ? Spike Lee, Jean-Luc Godard, Penelope Cruz-Javier Bardem et Han Solo… Komitid fait le point sur les grands moments à venir du 8 au 19 mai prochain.

Cure de jouvence

À 71 ans, le Festival de Cannes s’offre une nouvelle jeunesse… Souvent critiqués pour présenter les mêmes habitué.e.s année après année, les organisateurs et organisatrices brandissent en 2018 la carte du renouveau. Ainsi, si l’on évoquait il y a encore quelques heures la possible-probable-éventuelle venue de Ryan Gosling, Robert Pattinson, Xavier Dolan, Olivier Assayas, Jacques Audiard ou Terrence Malick en compétition officielle, finalement, Thierry Frémaux et l’équipe du Festival ont pris un peu tout le monde de court en annonçant la sélection. Là où, plusieurs années de suite, on se demandait qui de Haneke, Jarmusch ou Almodóvar se verrait décerner la Palme d’or, pour le mois de mai prochain en revanche le suspense reste bel et bien entier.

Au programme : dix-huit films, dont quatre français – en sachant qu’un ou deux retardataires feront peut-être leur apparition dans les jours à venir (dont, éventuellement, un certain Lars Von Trier, mais chut…) Dans la sélection officielle, on note, forcément, la présence de Spike Lee et de son BlacKkKlansman, l’histoire vraie d’un noir infiltré au KuKuxKlan. L’occasion de glisser en passant que le cinéaste américain n’était pas venu sur la Croisette depuis… 1991, et d’où, d’ailleurs, il est toujours parti bredouille.

Autre mastodonte du cinéma s’il en est, Jean-Luc Godard, sélectionné pour son ovni filmique, Le livre d’image. A ses côtés, un familier des lieux, Christophe Honoré, qui cette fois fera s’aimer Vincent Lacoste et Pierre Deladonchamps dans Plaire, aimer et courir vite. Parmi les autres frenchies, Stéphane Brizé, qui revient avec En guerre, trois ans après La loi du marché – qui avait d’ailleurs valu le Prix d’interprétation masculine à Vincent Lindon. Le comédien a rempilé, le cinéaste aussi, le sujet est à nouveau social… à voir si l’effet sera le même. Enfin, Eva Husson, la réalisatrice française de Bang Gang (Une histoire d’amour moderne), viendra défendre son dernier-né, Les Filles du soleil, avec notamment Emmanuelle Bercot.

Pas de scandale ni de Netflix

Cannes 2018, une édition politique ? Sans aucun doute. Certes, le Festival l’a toujours un peu été, il est vrai, mais cette année la prise de position est assez flagrante… Exit l’ensemble des films, équipes, cinéastes pouvant toucher, de près ou de loin, à un scandale quel qu’il soit (ce qui explique, du moins en partie, l’absence de L’Homme qui tua Don Quichotte, le projet fou de Terry Gilliam, actuellement en procès contre son ex-producteur).

Et puis, les organisateurs ont choisi également de présenter en sélection officielle deux cinéastes assignés en résidence dans leur pays, Jafar Panahi (Iran) et Kirill Serebrennikov (Russie), demandant ainsi aux autorités concernées de permettre à ces deux hommes de faire le déplacement.

Autre guerre affichée, celle avec Netflix, qui a choisi de ne pas montrer ses productions ou acquisitions durant le Festival, par crainte d’un « manque de respect ». En prime, l’interdiction pure et simple pour le public de prendre des photos sur le tapis rouge sous peine de sanctions…

En bref, peut-être moins de bling-bling, moins de grosses stars internationales, mais ce qui s’apparente du moins à une ode au cinéma contemporain… avec en prime, le prochain Star Wars et le dernier film de Ron Howard hors compétition, un documentaire sur le pape réalisé par Win Wenders, une Master-Class de Chris Nolan et la venue exceptionnelle de Martin Scorsese. Le tout sous l’oeil malicieux de Jean-Paul Belmondo alias Pierrot le Fou, choisi pour illustrer l’affiche de ce d’ores et déjà étonnant 71e festival.

Les films en sélection officielle au Festival de Cannes 2018 :

  • En guerre, de Stéphane Brizé
  • Dogman, de Matteo Garrone
  • Le Livre d’image, de Jean-Luc Godard
  • Netemo Sametemo, de Ryusuke Hamaguchi
  • Plaire, aimer et courir vite, de Christophe Honoré
  • Les Filles du soleil, d’Eva Husson
  • Ash is Purest White, de Jia Zhang-ke
  • Shoplifters, de Hirokazu Kore-eda
  • Capharnaüm, de Nadine Labaki
  • Buh-ning, de Lee Chang-dong
  • BlacKkKlansman, de Spike Lee
  • Under The Silver Lake, de David Robert Mitchell
  • Three Faces, de Jafar Panahi
  • Zimna Wojna, de Pawel Pawlikowski
  • Lazzaro Felice, d’Alice Rohrwacher
  • Yomeddine, d’A.B. Shawky
  • L’Eto, de Kirill Serebrennikov
  • Everybody Knows, d’Asghar Farhadi