3 questions au Collectif Intersexes et Allié.e.s sur la deuxième Rencontre nationale intersexe
« Il nous a donc semblé extrêmement important d'offrir un espace qui permette à un maximum de personnes intersexes de se mettre en lien. »
Depuis plusieurs années, les revendications des personnes intersexes ont trouvé leur place dans le paysage associatif LGBT+. Preuve de cette plus grande visibilité, l’Existrans est devenue cette année l’ExisTransInter.
Pour la deuxième année consécutive, le Collectif Intersexes et Allié.e.s – OII France (CIA-OII France), qui se présente comme « la seule association par et pour les personnes intersexes en France », organise la Rencontre nationale intersexe. Nous avons demander au Collectif quels en étaient les objectifs.
« On sait que ça prendra du temps pour que cela devienne un événement de masse car la honte et le silence restent caractéristiques de notre communauté, mais c’est important que ça soit un rendez-vous régulier de retrouvailles communautaires. »
Komitid : Le Collectif Intersexes et Allié.e.s organise les 1-2 et 3 novembre sa deuxième Rencontre nationale intersexe. Quels en sont les objectifs ?
Collectif Intersexes et Allié.e.s : La première Rencontre nationale intersexe s’est tenue l’année dernière et a été un succès. On constate que, parce que l’intersexuation est toujours un tabou social, les personnes intersexes ne s’identifient pas comme telles les unes les autres, parfois même alors qu’elles se connaissent par ailleurs ! Nous avons eu des exemples de personnes qui se connaissaient par des associations, ou qui vivaient dans la même ville de taille moyenne, ou même qui travaillaient dans la même structure, et qui ont découvert que l’autre était aussi intersexe via les événements et les réseaux mis en place par le collectif. Il nous a donc semblé extrêmement important d’offrir un espace qui permette à un maximum de personnes intersexes de se mettre en lien. On sait que ça prendra du temps pour que cela devienne un événement de masse car la honte et le silence restent caractéristiques de notre communauté, mais c’est important que ça soit un rendez-vous régulier de retrouvailles communautaires. L’isolement et le silence dans lesquels les personnes intersexes se retrouvent souvent piégées constituent des violences psychiques lourdes, qui conduisent facilement à des dépressions, des conduites à risques voire à des suicides – sans parler de la difficulté à faire valoir ses droits, au manque de soutien pour les besoins médicaux et psychosociaux, etc. Il s’agit d’un vrai problème grave dans notre communauté, que nous essayons de combattre.
Qui peut venir participer à cette rencontre nationale. Seulement des personnes intersexes ?
La rencontre se déroule sur plusieurs modalités. Nous avons tenu compte des demandes exprimées par les personnes intersexes dans le bilan de la rencontre de l’an dernier, qui établissait un vrai besoin de temps en non-mixité. Nous avons donc un jour et demi (le vendredi 1er novembre après-midi et le samedi 2 novembre toute la journée) en non-mixité intersexe, et deux temps, le vendredi 1er novembre au soir, et le dimanche 3 novembre, ouvert aux dyadiques (personnes non intersexes). Le vendredi soir sera un événement public au Centre LGBT de Paris, et le dimanche 3 novembre il s’agit de deux tables-rondes suivies d’échanges avec la salle, sur inscription*.
Qu’avez-vous pensé des débats qui ont eu lieu à l’Assemblée nationale et l’amendement voté vous parait-il répondre à vos revendications ?
Nous en parlerons dans une des deux tables-rondes du dimanche 3 novembre ! Nous vous invitons aussi à lire notre communiqué de presse sur le sujet. L’amendement ne répond clairement pas à nos revendications, puisqu’il n’inclue pas la notion de consentement nécessaire de l’enfant hors cas d’urgence vitale. Ces débats ont laissé une amertume certaine dans nos rangs, mais on reste en ordre de bataille pour la suite, que ce soit sur le travail de plaidoyer ou la mobilisation de l’opinion publique sur nos droits. De toute façon, dans l’état de nos droits, nous n’avons pas grand-chose à perdre.
* Les inscriptions sont closes.
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