Le Kenya vers la reconnaissance des droits des personnes intersexes ?
Le Kenya est le premier pays africain à avoir inclus les personnes intersexes dans le questionnaire de recensement. Un pas vers leur reconnaissance ?
Il faut parfois déporter son angle de vue et changer de perspective. Si on a coutume de dire que le continent africain est encore un bastion de l’homophobie, on oublie trop souvent que les lois anti LGBT+ sont souvent l’héritage du passé colonial de nombreux pays.
Mais aussi, on en oublie de voir ce qui bouge dans ces sociétés, dont les associations LGBT+ ne sont pas forcément absentes.
Recensement inclusif
Cette semaine, la lecture de l’excellent média Conversation Africa, une source précieuse d’informations, nous a appris que le Kenya est devenu le premier pays du continent à avoir inclus les personnes intersexes dans le questionnaire de recensement, qui s’est achevé fin août.
Selon la commission kenyane des droits humains, qui soutient les pétitions en faveur de la reconnaissance des personnes intersexes, ces dernières seraient environ 1,4 million au Kenya. Le recensement pourrait faciliter la prise en compte de cette population et de ses besoins spécifiques.
Boniface Ushide, un expert de la santé, qui travaille à Nairobi sur les questions de santé sexuelle et des droits notamment en matière d’orientation sexuelle et d’identité de genre se félicite de cette prise en compte des personnes intersexes. Selon lui, le Kenya impulse un mouvement pour les autres pays africains. De plus, espère-t-il, cette décision permet d’espérer que d’autres personnes seront prises en compte, notamment les personnes LGBT+.
Faut-il, comme lui, voir dans cette mesure la promesse d’inclusion et de libéralisation dans l’environnement politique et juridique ? C’est pour l’instant difficile à dire.
Le Kenya conserve toujours une législation qui pénalise les relations homosexuelles, jusqu’à 14 ans de prison.
Législation homophobe
Le Kenya conserve toujours une législation qui pénalise les relations homosexuelles, jusqu’à 14 ans de prison. Des associations LGBT+, en particulier la Kenyan National Gay and Lesbian Rights Commission, se battent pour faire changer la loi, arguant que les textes LGBTphobes sont en contradiction avec la Constitution qui garantit l’égalité des citoyen.ne.s kenyan.e.s.
Mais encore en mai dernier, la Haute Cour du Kenya, l’équivalent de la Cour suprême américaine, a refusé de déclarer les articles de loi anticonstitutionnels.
Les activistes ne s’avouent pas vaincu.e.s et on peut penser que l’amorce d’une reconnaissance des personnes intersexes, procède de ce désir de changement exprimé par la société civile.
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