Didier Roth-Bettoni : « Le cinéma peut avoir cette fonction d'accélérateur de la société sur les droits LGBT+ »
Didier Roth-Bettoni, co-commissaire de l'expo « Champs d'amours » sur cent ans de cinéma LGBT+, nous sert de guide à travers cette histoire passionnante qui reflète aussi l'évolution des sociétés.
C'est l'exposition phare de cette année de célébration des 50 ans de Stonewall et de l'histoire LGBT+. Champs d'amours, 100 ans de cinéma arc-en-ciel, se tient tout cet été à l'hôtel de ville de Paris. De Autres que les autres, le premier film gay de l'histoire à Portrait de la jeune fille en feu, de Céline Sciamma, cette expo va vous faire revivre la grande épopée des représentations LGBT+ sur grand écran. Depuis les films cryptés des années 30 et 40 jusqu'à l'explosion d'une cinématographie qui fleurit désormais sur tous les continents.
Didier Roth-Bettoni est co-comissaire de cette exposition événement. Journaliste, auteur et critique de cinéma, on lui doit un ouvrage somme intitulé L'Homosexualité au cinéma qui fait référence et dont une réédition mise à jour devrait paraître prochainement. Il vient de passer plus de six mois plongé dans les archives afin de choisir les documents, et les extraits de films représentatifs de ces premiers cent ans de cinéma LGBT+ . Il a été guidé par l'envie que le public se rende compte de la diversité du cinéma LGBT, fait de souffrances, de difficultés, mais aussi de comédies et de victoires. L'exposition vise à montrer selon lui que le cinéma LGBT contient aussi des chefs d'œuvre du cinéma tout court et que l'histoire de nos luttes de nos créations s'insèrent dans l'histoire plus générale des sociétés et de leurs évolutions.
Il a répondu aux questions de Komitid sur l'évolution du cinéma et les films marquants à retenir.
Komitid : Comment s'est faite l'évolution du cinéma par rapport aux thématiques LGBT+ ?
Didier Roth-Bettoni : Si on regarde depuis les débuts du cinéma, il existe une représentation de l'homosexualité masculine, une représentation de l'homosexualité féminine, qui ont des points communs mais surtout énormément de différences. Et des représentations des personnes trans qui sont très tardives, sur un mode respectueux, où on est pas dans une forme de « folklore ». Désormais, il existe des films avec une variété de personnages plus grande qui couvre une palette plus large de l'arc en ciel LGBTQI.
Que va découvrir quelqu'un qui ne connaît pas du tout le cinéma LGBT+ ?
Ce que nous avons voulu montrer c'est d'abord une chronologie, à partir de ce film allemand de 1919, Autres que les autres qui défend les droits des homosexuels. Plus tard, on expose la façon parfois cryptée de parler de l'homosexualité comme dans les années 30 et 40 aux États-Unis. Puis on montre le foisonnement contemporain et on essaie de raconter ce cheminement.
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