A Tours, le festival LGBT+ Désir... Désirs ciblé par les vandales
Affiches arrachées, insultes homophobes, le festival tourangeau « Désir... désirs » fête sa 25ème édition sous un parfum moyen-âgeux.
25 ans qu’à Tours, le festival Désir… désirs promeut les créations où les sujets LGBT+, avec une programmation plurielle (cinéma, performances, expos, danse, débats…) et audacieuse. Un festival ouvert à tous et à toutes. Et depuis 1993, année de sortie du film Philadephia, beaucoup de choses ont changé quand on parle de visibilité : le PACS, le mariage pour tous, Gazon Maudit ou 120 battements par minutes sont passés par ici.
Malgré la place indéniable du Festival dans la politique culturelle de la ville, la fête a été gâchée dès le premier soir, le 13 février. Quelques jours après que la France ait été touchée par plusieurs attaques LGBTphobes, de Dieppe à Pontoise en passant par Guimps, les dégradations ne sont pas anodines : la grande affiche plastifiée a été lacérée au niveau du cou du modèle, les affiches ont été déchirées et des commentaires insultants sur le livre d’or ternissent la fête.
« Depuis 25 ans qu’existe le festival, je n’ai jamais vu ça », nous explique Philippe Perol, le fondateur, « un 1994 un adhérent du cinéma avait déchiré sa carte en affirmant que Studio faisait la publicité de l’homosexualité ». Une plainte devrait être déposée par le cinéma, pour dégradation. Mais cela n’empêche pas les bénévoles du festival d’avoir le dernier mot : « le petit mot dans le livre d’or reproche en gros au cinéma de faire la promotion d’une déviance sexuelle contre-nature », explique Philippe Perol. « Sur Facebook, le nouveau président Mickael Achard a indiqué que ce qui est contre-nature c’est la bêtise de l’auteur. »
La ville de Tours soutient le festival envers et contre tout, ce qui n’est pas le cas de toutes les communes. En 2013, les villes de Versailles et Saint-Cloud avaient écouté la colère teintée d’homophobie de leurs administré.e.s en censurant l’affiche du film d’Alain Guiraudie L’inconnu du lac. Une rancœur que partageait la même année Christine Boutin, en commentant la sortie de La vie d’Adèle.
L’édition 2018 de Désir… Désirs, qui court jusqu’au 20 février, tourne autours de la question du Diktat : « nous partons à la découverte de vies contraintes par des codes sociaux si forts que les espaces de liberté n’en portent que le nom », précise un communiqué.
Seront projetés la comédie d’Océane Rose Marie (Embrasse-moi !), le classique de 1962 La Rumeur, ainsi qu’un documentaire sur Thérèse Clerc (Les vies de Thérèse), et l’avant-première du film de Luca Guadagnino nominé trois fois aux Golden Globes Call me by your name. Les différentes manifestations du festival sont accueillies par 8 villes d’Indre-et-Loire. Courrez-y.