Sanctions contre l'homophobie dans le sport : faut-il prendre l'engagement d'Emmanuel Macron au mot ?
Emmanuel Macron a profité de la Coupe du monde féminine de football pour affirmer qu'il était favorable à des sanctions contre l'homophobie et le racisme dans les stades. La parole présidentielle suffira-t-elle pour faire (enfin) bouger les lignes ?
Emmanuel Macron avait annoncé au début de son quinquennat que sa parole serait rare et maîtrisée. C’est le fameux président « jupitérien » qu’il déclarait vouloir incarner, après la présidence « normale » de François Hollande et « l’hyperprésident » de Nicolas Sarkozy. Depuis, entre notamment la crise des gilets jaunes et les démissions en cascade, le président a dû descendre de son Olympe et parlé régulièrement sur les sujets les plus divers. Pour les personnes LGBT+, il en est un qui souffre depuis des années de l’inaction flagrante des pouvoirs publics : celui de la lutte contre les LGBTphobies au sein du sport, et en particulier dans le football.
Changer d’attitude
La coupe du monde féminine de football, qui s’est tenue pendant un mois en France, devant des stades pleins et avec des audiences télé qui n’ont (presque) plus rien à envier aux compétitions masculines, va-t-elle contribué à changer d’attitude vis-à-vis des chants et des injures racistes et homophobes dans les stades ?
À l’issue de la finale, dont les joueuses étasuniennes sont sorties gagnantes, Emmanuel Macron a accordé une interview à France Info. Il y explique notamment qu’il est totalement favorable à l’arrêt d’un match, dès lors que des chants ou des cris homophobes et racistes seraient proférés. « On ne peut pas s’habituer à l’homophobie et au racisme quand on est dans un stade de football. Il n’y a aucun sport dont l’ADN, les racines, l’esprit, c’est le discours de haine, a affirmé Emmanuel Macron. « On peut changer la culture des supporters. On se bat partout dans la société contre l’homophobie et le racisme, y compris dans les stades. »
Cette intervention a eu lieu quelques minutes après que le chef de l’Etat remettait le trophée à Megan Rapinoe, joueuse américaine ouvertement lesbienne et ardente défenseuse des droits LGBT+ dans son pays, et échangeait ave elle une longue poignée de main. Ces propos du chef de l’État ont été aussitôt salués par le collectif Rouge Direct, qui milite depuis quatre ans pour que cesse toute complaisance dans les stades.
Mais après, que va-t-il se passer ?
Certes, de nombreux commentateurs de la vie politique ont coutume de dire que la parole présidentielle est performative. Cependant, il faut se garder de tout optimisme démesuré. Ce gouvernement, comme d’autres avant lui, dépense une énergie « de dingue » pour communiquer tous azimuts dès lors que l’opinion publique est mobilisée sur un sujet précis. Mais les actions ne suivent malheureusement pas toujours. C’est vrai pour la lutte contre le réchauffement climatique et la pollution. C’est vrai pour la lutte contre le féminicide où Marlène Schiappa annonce un « Grenelle » des violences dans les couples, mais dont on sait déjà qu’il n’y aura pas de moyens supplémentaires pour les combattre.
Les projecteurs braqués sur la Coupe du monde de foot étaient donc l’occasion rêvée pour le président Emmanuel Macron de faire cette déclaration. Il convient maintenant de voir si les actes vont suivre. Il ne suffira pas de réunir tous les acteurs pour une nouvelle opportunité de communication. Il faut réellement que des sanctions soient mises en place. Et vite. Sur un autre plan, comment peut-on imaginer que des sportives et de sportifs de haut niveau fassent leur coming si les clubs et les fédérations ne mettent pas en place une politique digne de ce nom pour bannir tout propos LGBTphobe ?
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Le 9 juillet, la Ligue de football professionnel (LFP) et la Licra, une association de lutte contre le racisme, ont annoncé la mise en place d’une « fiche de signalement contre toutes formes de racisme et de discrimination dans les stades » en France. » Un dispositif qui selon ces organismes doit « permettre à toute personne présente dans nos stades, témoin ou victime, de signaler un acte discriminant (raciste, antisémite, homophobe, sexiste, ou autre) ». On est loin de l’arrêt des matches.
Il est nécessaire aussi de lancer un vaste programme d’éducation et de formation. Et pas seulement des joueurs et des joueuses et du public, comme le soulignait dans cette vidéo Cécile Chartrain, présidente du club Les Dégommeuses mais aussi des clubs, des fédérations.
C’était il y a quatre ans, déjà.
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