La formation des agents de police va-t-elle améliorer l'accueil des victimes de LGBTphobies ?
Le ministère de l'Intérieur a décidé de désigner des policier.ère.s référent.e.s sur les questions LGBT+. Komitid a rencontré la major Frédérique Jeckel, chargée de cette mission dans les Bouches-du-Rhône depuis le 1er mars, au cours d'une formation qu'elle a dispensée à une trentaine de policier.ère.s.
L'Évêché, c'est le nom donné au commissariat central de Marseille, haut lieu de la police judiciaire locale. Dans une vaste salle impersonnelle de l'édifice sis à quelques encablures du Vieux-Port, 28 policier.ère.s en tenue et en civil écoutent avec attention, stylo et calepin à la main pour certain.e.s. Ce lundi 13 mai, la Direction départementale de la sécurité publique (DDSP) des Bouches-du-Rhône a convié ces fonctionnaires, tous « plaintier.ère.s » selon le jargon maison, à assister à une formation inédite. L'ordre du jour : accueillir les personnes LGBT+ qui viennent déposer plainte.
Sujet crucial, alors évoqué à la veille du dévoilement du rapport annuel de SOS homophobie. En 2018, le nombre d'agressions physiques LGBTphobes rapportées à l'association a crû de 66 %. Et 26 agissements LGBTphobes commis par des policier.ère.s, gendarmes ou personnels de justice lui ont été signalés. Face aux plaintier.ère.s venus de commissariats de Marseille et de Martigues, une femme : la major de police Frédérique Jeckel. Cette quinquagénaire a été nommée référente pour l'accueil des personnes victimes de LGBTphobies dans les Bouches-du-Rhône le 1er mars dernier. Un rôle sur mesure pour la policière aux 27 années de service : elle est militante de longue date de Flag !, association LGBT+ d'agents des ministères de l'Intérieur et de la Justice, et en est la déléguée dans le Sud-Est.
Faire attention à ne pas mégenrer
La séance commence par des enseignements basiques : que signifie le sigle LGBT ? Vers quelles associations orienter les victimes ? Quels sont les articles utiles du code pénal ? Quel rôle occupe la référente ? La formation se veut « professionnelle », avec un accent mis sur l'accueil des personnes trans. Face à une victime trans, il faut « l'appeler par le pronom qui correspond à son identité de genre », rappelle Frédérique Jeckel. Et ce, même si elle n'est pas similaire à celle apposée sur la carte d'identité. Mais pour le relevé d'identité formel, c'est cette dernière qui sera retenue. Preuve de l'attention particulière portée aux personnes trans, un document édité par Flag ! - concernant les personnes mises en cause plutôt que les victimes - est projeté au mur, traitant de la « palpation ou fouille d'une personne transidentitaire ».
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