Grâce à la musicothérapie et l'écriture de scénario, la parole des lesbiennes et des gays se libère en Martinique
Face à des personnes mutiques sur leur homosexualité, Céline Faure, présidente de l'association KAP Caraïbe, a, avec toute une équipe, mis en place des ateliers de musicothérapie et d'écriture de scénario pour remplacer de simples groupes de parole. À l'entendre, l'initiative est plus que payante. Interview.
Pour libérer la parole des personnes concernées autour de l'homosexualité, il faut parfois faire preuve d'imagination. Créée en 2012, l'association KAP Caraïbe, basée en Martinique, a récemment mis en place des ateliers (gratuits) de musicothérapie et d'écriture de scénario pour que chacun.e puisse exprimer son vécu en tant que personne homosexuelle.
À l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre les LGBTphobies, Komitid a souhaité mettre en lumière les initiatives singulières mises en place par l'association caribéenne qui profite du 17 mai pour diffuser en avant-première Zanmis, le court métrage pensé et réalisé dans le cadre des ateliers en groupe. Signe encourageant : plus aucune place de disponible à peine deux jours après l'annonce de la projection sur les réseaux sociaux.
« C'est énorme ! », nous a confié Céline Faure, présidente de KAP Caraïbe. D'autant plus énorme que l'association, qui n'a pas de local, a attendu quatre ans avant d'obtenir une première subvention. Son seul moyen d'action au départ a été de faire la chasse aux commentaires LGBTphobes sous les articles des médias qui évoquaient les personnes LGBT+ antillaises et d'être à l'écoute des témoignages recueillis par mail ou par téléphone de personnes isolées. « On ne pouvait pas aller plus loin dans nos démarches », explique Céline. Aujourd'hui, la militante se félicite des actions menées. Pour Komitid, elle détaille les raisons qui ont conduit à développer des ateliers spécifiques pour libérer la parole et nous parle de la situation pour les personnes LGB en Martinique. Interview.
Komitid : Vous avez mis en place des ateliers de musicothérapie et d'écriture d'un scénario dédiés aux personnes LGBT+. Pourquoi et en quoi cela consiste ?
Céline Faure : Dans le cadre des ateliers de musicothérapie, animés par la musicothérapeute Julia Giguet, il s'agit avant tout à reprendre possession de son corps, de ses émotions et de reprendre confiance en soi par des jeux vocaux et rythmiques. Les moments de convivialité qui suivent ces ateliers permettent de libérer la parole sur son homosexualité pour ceux qui en ont besoin. On les a mis en place car on a identifié que beaucoup ont peur de sortir de derrière leurs écrans, qu'ils en souffrent mais que la démarche d'être face à d'autres peut être très compliqué. Les simples groupes de paroles ne prenaient pas, le public était muselé, car dans l'esprit de beaucoup, c'est trop stigmatisant.
On a senti une peur et on s'est donc remis en question. Ça a très bien fonctionné, on a eu des super retours, expliquant que cela procurait un réel mieux être. On a à nouveau sollicité la Dilcrah (délégation interministérielle de lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT, ndlr) et on a obtenu une subvention de 6 500 euros, ce qui a permis de reconduire les ateliers de musicothérapie pour une deuxième session en septembre et octobre 2018 et également de créer un nouvel atelier d'écriture d'un scénario.
Cet atelier d'écriture d'un scénario a-t-il connu le même succès ? Comment s'est-il déroulé ?
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