Avec « On n'a que deux vies », Adel Tincelin porte un regard poétique sur la transidentité
Après s'être consacré à la photographie urbaine pendant des années, Adel Tincelin s'est lancé à corps perdu dans l'écriture. Il sort aujourd'hui dans la collection Sorcières des éditions Cambourakis « On n'a que deux vies, Journal d'un transboy », le récit lyrique et exalté de sa transition.
Tout au long de notre entretien, Adel dira entre deux rires un peu timides que le livre que nous tenons entre les mains — son tout premier — est bien plus que le récit d'une transition. C'est l'histoire d'une renaissance, d'un renouveau qui a balayé son passé et a fait naître en lui un océan de mots. « Le récit intime de cette transition va bien au-delà du récit initiatique », nous explique l'auteur quand on lui demande de définir son travail. « Il raconte comment on peut tout reprendre, tout changer, à plus de 40 ans ». Tout comme dans son livre, On n'a que deux vies, Journal d'un transboy (aux éditions Cambourakis, collection Sorcières), Adel ne parle pas beaucoup de son passé. Il préfère ouvrir sur l'avenir.
On glanera tout de même quelques informations glissées ici et là. Adel a passé son enfance dans une famille de classe moyenne supérieure, dans une situation sociale plutôt privilégiée qu'il a passé une partie de sa vie à déconstruire. Très jeune, à huit ans, il développe un blocage profond qui coupe son désir d'écrire. « J'écrivais, mais très scolairement », explique Adel. « J'ai fait des études littéraires et je comprenais les règles de ce qui m'était demandé, mais je n'arrivais pas à m'emparer des mots. J'ai passé des années à me dire “ah, si seulement je pouvais écrire”. » Au hasard d'un échange universitaire au Canada et aux États-Unis, Adel quitte sa province et découvre la grande ville. La solitude des immeubles à perte de vue trouvent un écho en lui. « Tout mon travail photographique, qui est parti de cette absence de mots, s'articule autour de la ville », analyse Adel. « Je faisais des photos très silencieuses, très à distance ». Quand on passe en revue ces belles images de rues vides, de chantier, de grands bâtiments comme abandonnés, il est presque difficile de les réconcilier avec les mots brûlants de son premier roman qui grouillent de sentiments et d'une forme d'urgence à aimer et à aller vers l'autre. « Vers 30 ans, j'ai commencé la danse », ajoute Adel. « Toute ma libération est beaucoup passée par le corps. »
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