VIH en Guadeloupe : « Si la tendance se confirme, on pourrait parler d'un recul de l'épidémie »
La Guadeloupe est la deuxième région française la plus touchée par l'épidémie de VIH. Komitid s'y est rendu au début du mois d'avril et a rencontré Isabelle Lamaury, infectiologue au CHU de Pointe-à-Pitre et présidente depuis 2015 du Comité de coordination régionale de lutte contre le VIH, pour faire le point sur la situation.
La Guadeloupe est la deuxième région française la plus touchée par l'épidémie de VIH (selon les dernières données régionales disponibles), après la Guyane et avant l'Île-de-France. Un constat qui s'inscrit dans un contexte plus global, celui des Caraïbes, deuxième zone géographique la plus touchée dans le monde, après l'Afrique sub-saharienne. Dans le cadre du séminaire « RéLovution » organisé par Aides sur l'île début avril, auquel Komitid a participé, nous avons rencontré l'infectiologue Isabelle Lamaury, présidente depuis 2015 du Corevih Guadeloupe-St-Martin-St-Barthélémy (Comité régional de la lutte contre le VIH), pour faire avec elle le point sur cette situation, la façon dont elle évolue et les moyens mis en œuvre pour combattre l'épidémie. Interview.
Komitid : La Guadeloupe est la deuxième région française la plus touchée par le VIH, après la Guyane et avant l'Île-de-France. Comment l'expliquez-vous ?
Isabelle Lamaury : L'épidémie de VIH est ancienne et historique dans les Caraïbes. Le VIH a émergé en Afrique, mais avec les circulations de personnes, notre région a été particulièrement touchée dans ce contexte caribéen, avec des disparités, en tout cas pour ce qui est des DFA (Départements français d'Amérique, ndlr). Par exemple l'épidémie en Martinique se rapproche un peu plus dans ses caractéristiques de celle que l'on observe en métropole, avec une proportion de personnes homosexuelles plus largement touchée. D'une manière générale, pour l'épidémie de VIH, il faut faire très attention à bien observer territoire par territoire, voire par micro-territoire. Rien que pour la Guadeloupe, il y a aussi Saint-Martin et Saint-Barthélémy. À Saint-Barthélémy, on n'a quasiment aucune donnée et on travaille actuellement à bénéficier d'une meilleure visibilité. On n'a pas non plus de visibilité sur les personnes originaires de notre région qui vivent ailleurs, notamment dans l'Hexagone. C'est important de bien recenser les données et de prendre le temps de les analyser. Alors oui, on est la deuxième région, je ne sais pas si on l'est toujours (les données régionales n'ont pas encore été communiquées pour l'année 2017 par Santé publique France, ndlr), ce qui est sûr c'est qu'on reste une région toujours très touchée. Mais il y a des progrès : on a augmenté notre file active et cela signifie que plus ça va, plus les gens se font dépister et vivent avec.
Comment la situation a-t-elle évolué ?
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