Avec le duo Fado Bicha, le fado devient queer
À Lisbonne, il y a le fado chanté en habits noirs qui fait couler les larmes d’un auditoire résigné, et il y a celui de Fado Bicha, un duo de barbus aux lèvres peintes, chemise colorée, ouverte, et jupe en tulle, appelant un public fervent à frapper dans les mains tout en roulant des hanches. Un fado activiste qui bouscule le genre.
João Caçador et Lila Fadista n’ont rien contre la tradition, au contraire. Et si João a bien troqué sa guitare classique contre une électrique et Lila chante des idylles homosexuelles en faisant des vibratos sur Grindr, le fado « advient » et le public en redemande. Leur duo, Fado Bicha, met l’ambiance et fait de cette musique on ne peut plus traditionnelle un espace d’expression et de visibilité des réalités LGBT+.
Un cri pour faire de l’espace
À l’origine du projet, il y a Tiago Lila, alias Lila Fadista, un bon mètre 80, les cheveux courts et décolorés, les traits fins, le regard enveloppant. De retour d’un long séjour en Grèce où il s’est affirmé politiquement et a conçu le désir de faire du fado, il décide de s’inscrire dans une école de renom, celle de la Mouraria, mais est vite déçu. « J’ai réalisé que mon identité non normative ne collait pas avec le fado, avec les règles qui régissent la manière dont il doit être chanté, le répertoire que je dois adopter, pour être considéré comme homme donc hétérosexuel – puisque tout homme est considéré comme hétérosexuel, du moins dans le milieu du fado – et ça a été une barrière face à ce que je recherchais. » D’où l’idée de créer un fado qui soit à la fois une forme d’expression propre, moins guindée, et un outil d’activisme.
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