Voir le consentement au-delà du viol et des cadres hétérosexuels avec la chercheuse Alexia Boucherie
Avec son livre « Troubles dans le consentement », Alexia Boucherie vient questionner notre perception des « zones grises ». Rencontre.
C'est après avoir travaillé sur la question du viol pendant son master 1 qu'Alexia Boucherie, chercheuse en sociologie et militante queer, a commencé ses recherches pour écrire Troubles dans le consentement, sorti ce 7 mars aux Éditions François Bourin. « Ça s'est imposé à moi dans le sens où je n'arrivais pas à réfléchir à autre chose. Tout se rapportait à cette question-là », explique-t-elle aujourd'hui à Komitid. À travers cet ouvrage ponctué d'extraits d'entretiens, elle parvient à extraire le consentement de la question du viol auquel il est si souvent accolé et à analyser ce que nous nommons encore trop souvent les « zones grises », quand une relation sexuelle n'est pas explicitement consentie : « Dès qu'on tire une ficelle du consentement dans une pensée hors viol, on se rend compte à quel point ça imprègne plein d'autres choses », résume la chercheuse.
Troubles dans le consentement a été écrit pour susciter une réflexion globale au-delà des seuls cercles universitaires ou militants : « J'avais vraiment envie de rendre le livre accessible au plus grand nombre de personnes et qu'elles puissent s'interroger sur leur propre pratique du consentement. Que ce livre soit un outil. » Alexia Boucherie a pu constater que la littérature universitaire sur le consentement est très réduite, tant cette question est toujours traitée sous le prisme du viol qui, lui, intéresse davantage la recherche : « Le consentement sexuel ne va être problématique que dans des situations où on ne sait pas s'il est là. Mon point de départ, c'était de dire que la question du consentement doit être interrogée tout le temps, même dans ce qui n'est pas interrogé. Là-dessus, il n'y a qu'un seul ouvrage philosophique, Du Consentement de Geneviève Fraisse, qui est très théorique. Dans les sciences humaines, on s'intéresse davantage à la question du viol. J'avais envie d'aller chercher autrement. »
« Mon point de départ, c'était de dire que la question du consentement doit être interrogée tout le temps. »
Pour continuer la lecture de cet article :
Vous avez déjà un accès ?
- Roxane Gay : « La grossophobie dans les espaces queer est bien plus douloureuse et frustrante »
- « Baby It's Cold Outside » : Rain Dove et Rose McGowan se mettent en scène contre la culture du viol
- « Rien ne vaut un viol collectif » : une campagne choc contre l'homophobie fait polémique
- #MeToo : qu'en est-il chez les gays ?