« Grâce à Dieu », « Euforia », « Destroyer » : notre critique cinéma de la semaine
Le nouveau film de François Ozon, sur le scandale de la pédophilie dans l'église catholique, domine l'actualité cinéma cette semaine.
Grâce à Dieu
Réalisation : François Ozon
Drame – France – 2018
Distribution : Melvil Poupaud (Alexandre), Denis Ménochet (François), Swann Arlaud (Emmanuel), Aurélia Petit (Marie), Éric Caravaca (Gilles), Josiane Balasko (Irène), Hélène Vincent (Odile Debord), Bernard Verley (Bernard Preynat), Amélie Daure (Jennifer), Julie Duclos (Aline), Frédéric Pierrot (le capitaine Courteau)
Alexandre découvre que le prêtre qui officie ce jour à la messe est celui qui a abusé de lui étant petit. Il décide de tout dire au Diocèse de Lyon, pour qu’il ne soit plus en contact avec des enfants.
Note : 4,5/5
Tourné en partie en secret à Lyon, et un temps menacé d’interdiction de sortie, le nouveau Ozon est au cœur de l’actualité. Ce drame très factuel, mais avec une psychologie et une émotion réelles, se regarde comme un thriller documentaire. L’omerta d’une partie du clergé et leur absence de réaction glacent le sang. Melvil Poupaud, Denis Ménochet et Swann Arlaud sont tous trois impressionnants, comme l’ensemble du casting, impeccable. Grâce à Dieu est un grand film, véritable coup de pied dans la fourmilière de l’hypocrisie, et un bel hommage à ces hommes et femmes qui ont trouvé le courage de parler, de dénoncer, de lutter contre un mal qui potentiellement nous concerne tou.te.s.
Euforia
Réalisation : Valeria Golino
Drame – Italie – 2018
Distribution : Riccardo Scamarcio (Matteo), Valerio Mastandrea (Ettore), Isabella Ferrari (Michela), Andrea Germani (Luca), Valentina Cervi (Tatiana), Jasmine Trinca (Elena), Marzia Ubaldi (la mère)
Matteo, homme riche et extraverti, apprend que son frère est touché par un cancer. Il entreprend de l’aider, quitte à lui cacher la vérité sur son état…
Note : 3,5/5
Second long-métrage après Miele (2013) pour l’actrice-réalisatrice qui, pour co-écrire le scénario, s’est inspirée de l’un de ses amis qui a vécu presque la même histoire. Elle pose un regard tendre sur ces deux frangins que presque tout oppose, entre frictions et affection, mais qui se retrouvent quand la vie les oblige à se dire adieu. Elle a confié le rôle de Matteo, homosexuel désinvolte qui a réussi dans la vie, à son ancien compagnon Riccardo Scamarcio. Il est touchant de justesse, tout comme Valerio Mastandrea, qui incarne son grand frère. La dernière scène de ce mélo délicat, d’une grande simplicité, est un bel instant d’émotion.
Destroyer
Réalisation : Karyn Kusama
Drame – Etats-Unis – 2018
Distribution : Nicole Kidman (Erin Bell), Sebastian Stan (Chris), Jade Pettyjohn (Shelby), Scoot McNairy (Ethan), Toby Kebbell (Silas), Tatiana Maslany (Petra), Zach Villa (Arturo), Bradley Whitford (DiFranco), Toby Huss (Gil Lawson)
Des années après avoir infiltré un gang de braqueurs, la détective du LAPD Erin Bell se lance sur les traces de leur chef qui avait tué son coéquipier, et qui vient de refaire surface…
Note : 3/5
Karyn Kusame aime les personnages de femmes fortes. Après Girlfight (2000), Æon Flux (2005) et Jennifer’s Body (2009), elle revient enfin au cinéma, après des années de séries TV. Cette fois, c’est l’actrice protéiforme Nicole Kidman qui s’y colle. Silhouette décharnée, la démarche mal assurée, une perruque bon marché sur la tête, elle est méconnaissable. Alors oui, une transformation physique spectaculaire, c’est bien, mais un scénario un peu original, c’est quand même mieux. Et là, aussi nerveux et bien mené qu’il soit, ce jeu de pistes est finalement assez quelconque. C’est fort dommage pour la talentueuse actrice australienne !
Également à l’affiche cette semaine
Le Chant du loup (réalisé par Antonin Baudry) : Surnommé l’Oreille d’Or, Chanteraide est sous-marinier et sonde les eaux pour localiser l’ennemi. Il repère un son suspect… L’ancien diplomate de Dominique de Villepin signe un premier film ambitieux et réaliste au suspens ultra efficace. François Civil, Reda Kateb et Mathieu Kassovitz en imposent !
La Chute de l’Empire américain (réalisé par Denys Arcand) : Pierre-Paul est livreur de colis. Il est témoin d’un hold-up qui tourne mal et s’empare de l’argent avant l’arrivée de la police… Venue du Québec, cette sympathique comédie policière, financière et romantique (mais pas niaiseuse), est une très bonne surprise.
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