Garrard Conley, auteur de « Boy Erased » : « Qui aurait prévu qu'aux États-Unis, nous aurions un vice-président qui soutient les thérapies de conversion ? »

Publié le

Komitid a rencontré Garrard Conley, auteur du témoignage coup de poing « Boy Erased », sur les thérapies de conversion. Il évoque les dangers de ces thérapies toujours en vogue aux États-Unis mais aussi dans de nombreux autres pays, y compris les plus progressistes en matière de droits LGBT+.

Garrard Conley, auteur de « Boy Erased »
Garrard Conley, auteur de « Boy Erased » - Colin Boyd Shafer
Article Prémium

Boy Erased, l'autobiographie percutante de Garrard Conley sur les thérapies de conversion, parue aux États-Unis en 2016 et qui a inspiré un film du même nom (sortie en France le 27 mars), sort enfin en traduction française (éditions Autrement). Un récit que l'auteur décrit lui-même comme « l'histoire d'une famille qui a fait quelque chose de terrible par amour ». Komitid l'a rencontré.

En 2004, après plusieurs séances de thérapie individuelle, Garrard Conley est emmené par ses parents à Love in Action, un centre de conversion à Memphis dans le Tennessee. Ses parents, des fidèles d'une Église baptiste du sud des États-Unis, ne voient pas d'autres options pour « guérir » leur fils, dont l'homosexualité leur a été révélée par celui qui l'a violé à l'université. Après deux semaines dans le centre, Conley fuit. Plus de dix ans après les faits, il publie Boy Erased, le récit vibrant de la construction de son identité. Face aux injonctions de ses parents, de son Église et des « formateurs » du centre, le jeune homme s'émancipe à travers la littérature et l'écriture. Un récit plus que nécessaire à l'heure où Mike Pence, le vice-président des États-Unis, soutient ces centres de conversion à l'échelle nationale. Et que de tels centres semblent exister dans de nombreux pays, y compris les plus avancés en matière de droits LGBT+.

Komitid : Comment avez-vous décidé de raconter votre expérience des thérapies de conversion ?

Garrard Conley : Après m'être échappé du centre de conversion Love in Action avec ma mère, je n'en ai plus reparlé pendant environ dix ans. Ma famille ne l'évoquait jamais, et si on me posait une question à ce sujet je disais juste : « J'ai fait une thérapie de conversion, cela n'a pas marché, point final ». Après l'université, il m'arrivait souvent de tomber sur des blogs de survivants de ces thérapies. Je lisais leurs symptômes et le récit de leur stress post-traumatique. Ils racontaient par exemple qu'ils ne pouvaient pas toucher leur partenaire parce qu'ils avaient l'impression que leur peau était en feu. Je me suis reconnu et je me suis rendu compte que j'avais des restes de cette époque. J'ai toujours eu envie d'écrire un livre, je me suis donc lancé dans Boy Erased. Pour me replonger dans cette époque, j'ai interviewé mes parents, ainsi que John Smid, l'ancien directeur de Love in Action et des victimes… J'ai travaillé comme un journaliste qui enquête sur la vie de quelqu'un d'autre. Finalement j'ai découvert que mon histoire était celle d'une famille qui fait quelque chose de terrible par amour. La famille est devenue le centre du récit avec la thérapie de conversion comme arrière-plan.

Pour continuer la lecture de cet article :

Vous avez déjà un accès ?

Identifiez-vous