Au Kirghizistan, un bar gay fait de la résistance
À Bichkek, capitale du Kirghizistan, l’homosexualité est légale mais le climat de plus en plus homophobe rend le quotidien des LGBT+ difficile. Reportage au London, une boîte de nuit gay qui leur offre un peu de répit depuis cinq ans.
Alek descend du taxi, foule la neige dans les rues mal éclairées de Bichkek, monte des escaliers en ferraille et pousse une porte blindée. Il tape la main de Zhenia, la patronne du London, le bar LGBT du Kirghizistan, paye 100 soms (1,30 euros) et retrouve ses amis assis à une table. « Ici, c'est comme ma maison. » Jambes croisées, épaules voûtées, il gratte nerveusement l’étiquette de sa bière. En dehors d’ici, « j’essaye de paraître hétéro », car il sait ce qu'il risque. Il y a deux ans, il enseignait dans une école. Tout a changé quand ses collègues l’ont vu sur une vidéo à une manifestation féministe : « Ils ont compris que j'étais gay et m’ont dénoncé à ma hiérarchie. Le lendemain j'étais convoqué, sous la pression, j'ai dit que j'étais bi. Ils m'ont traité de malade, de pervers, m'ont dit que je ne pouvais pas être face à des jeunes. Et que si je ne démissionnais pas, ils inscriraient “pervers” dans mon dossier administratif ». Il ignore que c'est illégal, prend peur, et démissionne. Quand il rentre chez ses parents le soir, il se rend compte que ses collègues l'ont outé auprès de sa famille. Son oncle le bat. Sa mère le dénonce au mollah, le chef religieux, puis le met à la porte. Depuis, le seul contact qu’il a avec sa famille sont les lettres de menace qu’il reçoit de la part de son frère. Trois fois, il tente de mettre fin à ses jours. Une des choses qui l’aident à tenir, c’est de venir au London tous les week-ends. « Dans mon pays, c'est le seul endroit où je peux respirer. »
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