« Les Garçons sauvages », « Rafiki », « Diamantino »… les 11 films LGBT+ les plus marquants de l'année 2018
L'année 2018 a connu une suite ininterrompue de films portant sur les thématiques LGBT+ et cela n'a pas été facile de choisir les 11 œuvres qui sortent du lot.
Bonne nouvelle. Au cinéma, le traitement de plus en plus fouillé des thématiques LGBT+ ne se cantonne plus aux pays occidentaux. L’année 2018 a été marquée entre autres par des films très forts provenant du Kenya, du Brésil, du Pérou ou encore d’Argentine. Si de nombreux personnages dépeints sont gays, les productions sont hélas plus rares avec des intrigues lesbiennes ou des scénarios incluant des intrigues sur les personnes trans. Komitid vous a donc préparé la sélection des films les plus marquants des 12 derniers mois. Lights, camera, action !
Call Me By Your Name : le succès critique et public
Une avalanche de prix s’est abattue sur Call Me By Your Name, de Lucas Guadagnino, un des films gays les plus commentés de l’année. Mais il n’a pas fait l’unanimité. Dernier exemple en date : Karamo Brown de Queer Eye a décrit CMBYN comme problématique car la relation entre l’homme adulte et l’adolescent a quelque chose de la prédation. On doit tout de même ajouter que l’on oubliera jamais la scène de la pêche.
Les Garçons sauvages : l’ovni queer
De jeunes actrices incarnent des garçons perdus sur une île étrange riche en dangers mais aussi en délices. Le réalisateur Bertrand Mandico a choisi d’alterner des séquences en couleur et en noir et blanc. Un film somptueux, que l’on croirait sorti des années 30. Certainement l’œuvre la plus queer de l’année.
Nobody’s Watching : New York comme vous ne l’avez jamais vu
Un Argentin rompt avec un amant un peu toxique et compte sur sa belle gueule pour mener sa carrière d’acteur dans la Grosse Pomme. Mais tout ne se passe pas comme prévu. Un film latino, d’immigration, sur quelqu’un qui cherche sa place, expliquait la réalisatrice Julia Solomonoff lors de la sortie de ce film délicat.
Plaire, aimer et courir vite : l’amour au temps du sida
Avec Plaire, aimer et courir vite (quel beau titre) sorti un an après 120 Battements par minute, Grand Prix au Festival de Cannes 2017, beaucoup ont été tenté.e.s de faire la comparaison. Ce qui n’a pas été du goût du réalisateur Christophe Honoré. C’est vrai que les deux films ne se ressemblent pas du tout. Plaire, aimer et courir vite est le film le plus personnel d’Honoré, avec un trio d’acteurs exceptionnels. Un bijou.
Corpo Elétrico : le film le plus transectionnel
Un jeune ouvrier gay débarque dans une usine de vêtements de São Paulo. Ses collègues et lui-même vont libérer leurs corps de la routine du travail et plonger dans la nuit de l’immense ville brésilienne. Un beau mélange de réalisme social (sans lourdeur) et sexuel (avec grâce). Le réalisateur, Marcelo Caetano, explique que le titre de son film est directement inspiré du sublime I Sing the Body Electric, poème de Walt Whitman, icône des queers américains.
Love, Simon : on aime… ou pas
Ils l’ont fait ! À la sortie de Love Simon, aimable bluette sur « l’éveil du printemps » dans un campus américain, beaucoup ont souligné que pour la première fois, un grand studio propose un film dans lequel le personnage principal est gay. C’est mignon, mais ça ne renverse pas la table !
Un couteau dans le cœur : le film le plus jubilatoire
Vanessa Paradis en réalisatrice lesbienne de films porno gays dans les années 70, il fallait oser. Yann Gonzalez l’a fait ! Il nous transporte dans son univers bourré de références (de Mario Bava à Jean Rollin en passant par Brian De Palma et Kenneth Anger). Jusqu’au générique de fin, d’une gaytitude absolue pour clore un film jubilatoire.
Rafiki : le film le plus courageux
Même si elle se défend d’être une activiste, la réalisatrice de Rafiki, Wanuri Kahiu, a permis de mettre en lumière une certaine réalité de l’homosexualité au Kenya. Montrer une idylle entre deux adolescentes n’a pas plu à tout le monde et le film a été censuré dans son pays d’origine (hormis quelques projections pour pouvoir concourir aux Oscars). Résultat, un film lesbien « classique » plutôt plaisant.
Come as you are : Le film à (re)voir
Appropriate Behavior, le premier film de la réalisatrice irano-américaine Desiree Akhavan sur une romance bisexuelle, l’avait immédiatement fait connaître du public LGBT+. Le sujet des ravages des thérapies de conversion est peu traité au cinéma. Come as you are, passé un peu inaperçu lors de sa sortie au cœur de l’été, vaut d’être (re)vu. La performance de Chloë Grace Moretz (qui a décidément très bon goût dans ses choix de rôle) est époustouflante.
Girl : le film polémique
Girl, premier long métrage de Lukas Dhont, a recueilli des réactions enthousiastes de la critique à Cannes, mais beaucoup moins de la part des personnes concernées lors de sa diffusion en salles. Girl, c’est le portrait de Lara, une adolescente en transition qui rêve de devenir danseuse étoile. Lara est interprétée par un homme cisgenre (la performance de l’acteur Victor Polster est très forte). Autre grief, le film porte « une forme de fascination voyeuriste autour du corps de Lara qui s’attache davantage à montrer ce qui la sépare des autres filles de son âge plutôt que ce qui la relie à elles », comme l’écrivait Komitid à la sortie du film.
Diamantino : le film le plus attachant
Toute ressemblance avec des personnages existants est fortuite. Ou pas. Dans Diamantino, le réalisateur Gabriel Abrantes fait s’entrechoquer plusieurs genres cinématographiques, du fantastique à la comédie en passant par le trash. Un footballeur portugais hyper riche, bien foutu mais encore vierge et très naïf, héberge dans sa gigantesque villa une exilée africaine tandis que ses deux sœurs perverses fomentent un mauvais coup qui va changer son destin.
Vous croiserez aussi des chiens roses géants, des complotistes d’extrême droite, une scientifique malfaisante. Diamantino est un conte déjanté où l’amour triomphe. Un happy end pour cette fin d’année 2018 ? Et pourquoi pas ?
Pour illustrer en beauté cette liste de films LGBT+, Roca Balboa a concocté une belle illustration, à télécharger ici.
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barbaradedrew
Pas un mot sur Désobéissance ?
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phil86
j’ai adoré les Garçons Sauvages, dont les rôles sont tous tenus par des filles