Mort de Zak Kostopoulos en Grèce : des révélations qui accablent la police
Selon Mediapart, l'enquête sur la mort de l'activiste LGBT+ Zak Kostopoulos, tué le 21 septembre, avance peu. Le journal pointe notamment une responsabilité policière de plus en plus flagrante.
Le 21 septembre dernier, nous apprenions la mort violente de Zak Kostopoulos. Le militant LGBT+ ouvertement séropositif, également connu sous son nom de drag queen Zackie Oh, est décédé après une altercation en plein centre d’Athènes dans des circonstances pour le moins étranges, à l’âge de 33 ans.
Depuis, deux versions des faits s’affrontent, entre les témoignages et les vidéos amateurs qui circulent. D’un côté, on estime que le militant, qui aurait été en possession d’une arme blanche et drogué, aurait tenté de cambrioler la bijouterie et de l’autre, on avance qu’il serait venu s’y réfugier pour échapper à une bagarre qui venait d’éclater dans le café où il était installé.
Des violences policières normalisées
Mediapart, dans une enquête publiée vendredi 24 novembre, a révélé que la famille de Zak hausse le ton face à une enquête qui patine, et qui, pire encore, semblerait s’écarter de la procédure.
Les huit policiers qui sont intervenus sur l’altercation ont en effet frappé le militant avant de lui passer les menottes alors qu’il « agonisait ». Défendus par le porte-parole du syndicat de la police athénienne, Dimosthenis Pakos — qui a déclaré que c’était « une pratique habituelle » — les fonctionnaires de police en question ont depuis été suspendus jusqu’à nouvel ordre, mais ne sont pas mis en cause dans l’enquête.
Ce qui est également reproché à la police, c’est de ne pas avoir sécurisé la bijouterie, ni effectué de prélèvements, avant que toute une heure s’écoule après l’évacuation de Zak Kostopoulos dans l’ambulance où il décèdera, avant d’atteindre l’hôpital.
« Il (le bijoutier, ndlr) a eu assez de temps pour retirer les caméras de surveillance qui existent en principe dans toutes les bijouteries », a commenté Stavroula Luzi, une amie de Zak, auprès de Mediapart. Or, il apparaît que le lieu du crime est une scène de trafic ordinaire d’une Grèce en crise économique, où de nombreuses bijouteries rachètent de l’or et payent en liquide.
D’après une enquête de Radio Kokkino (média financé par Syriza, le parti du Premier ministre grec Alexis Tsipras), ce type d’établissement serait en fait souvent un lieu de recel, rachetant de l’or volé par des personnes toxicomanes en situation de précarité, sans que la police n’intervienne.
« C’est une affaire politique »
Selon des journalistes grecs, dont Mediapart se fait l’écho, le complice du propriétaire de la bijouterie — que l’on voit frapper Zak grâce aux images captées par les passant.e.s — est membre d’un groupuscule nationaliste local, le Front patriotique.
Depuis, ce militant d’extrême droite, connu sous le pseudonyme de Snake, n’a eu de cesse d’affirmer que la victime était un cambrioleur sous l’emprise de narcotiques. Seulement, des prélèvements de tissus biologiques et des examens toxicologiques effectués lundi 19 novembre sur le corps de Zak Kostopoulos prouvent qu’il n’était pas drogué au moment des faits.
« Un pas a été fait vers la vérité », a réagi Starvoula Luzi. Mais beaucoup de questions restent en suspens, notamment la raison de la présence de Zak dans cette bijouterie et ce qui a bien pu déclencher les premiers coups à son encontre. D’après l’amie du défunt, « ce n’est pas seulement un meurtre à caractère raciste et homophobe. C’est une affaire politique ».