À la pride d'Auckland, les uniformes de police ne sont pas les bienvenus

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Une décision de l'organisation de la pride d'Auckland, la ville la plus importante de Nouvelle-Zélande, crée la controverse.

police pride lgbt uniforme
Policière durant la Pride de Londres en juillet 2018 - Lois GoBe / Shutterstock.com

Elle n’aura lieu que le 16 février 2019, pourtant, la pride d’Auckland en Nouvelle-Zélande fait déjà parler d’elle. Les organisateurs et organisatrices ont décidé que la police locale n’aurait pas le droit de défiler dans le cortège, à moins d’accepter de défiler en tenue civile. Ce choix intervient après des discussions internes : « Alors qu’il y a de la bonne volonté parmi la police de Nouvelle-Zélande, en tant qu’institution elle ne mesure pas le degré de sécurité et de sensibilisation à l’intersectionnalité demandé par nos communauté arc-en-ciel » a fait savoir le comité, qui a bien précisé que les policiers et policières pouvaient être présent.e.s lors du défilé.

Côté forces de l’ordre, la demande n’est pas bien perçue : « C’est vraiment triste », se désole Tracy Phillips, inspectrice chargée de la diversité au sein de la police néo-zélandaise. « Nous sommes fier.e.s du métier que nous faisons, de qui nous sommes et du travail que nous avons accompli – alors si nous ne sommes pas les bienvenu.e.s, nous n’allons certainement pas nous imposer (…). La police s’est battue longtemps pour être incluse à la pride et pour défiler en uniforme. Nous ne sommes pas préparé.e.s à faire machine arrière et à marcher en t-shirts comme nous le faisions. » La police d’Auckland ne devrait donc pas se rendre à l’événement.

Cette décision a eu pour conséquence la démission d’un membre du comité de la pride, le trésorier Matty Jackson, qui a fait savoir qu’il ne pouvait pas « soutenir les décisions qui avaient été prises » : « Mes valeurs et celles de la Auckland Pride ne sont en accord. » Sur les réseaux sociaux, le débat est lancé entre ceux et celles qui soutiennent l’organisation de la Pride et ceux et celles qui défendent au contraire la présence des policiers et policières LGBT+ en uniforme dans le cortège.

La police et la pride, une longue histoire

« Avec toutes ces décorations arc-en-ciel des entreprises, ces politiques qui agitent le drapeau et ces contrats avec des sponsors, il est difficile de se souvenir que la première pride n’était pas une parade festive, mais une marche de défi contre l’oppression. C’est exactement la raison pour laquelle inclure la police au défilé, en uniforme ou non, crée autant la controverse dans la communauté queer », résumait Kitty Stryker en juin dernier dans une tribune publiée sur TeenVogue. Les raisons de ces crispations sont donc historiques, mais pas que : à Toronto, par exemple, les policiers et policières LGBT+ ont été exclu.e.s deux années consécutives de la pride, mais ils et elles seront de retour en 2019. Selon les activistes, les forces de l’ordre faisaient preuve de négligence concernant les crimes LGBTphobes. À Londres, les policiers et policières LGBT+ ont accepté de défiler sans uniforme cette année, suite à une demande du comité organisateur pour rendre la pride plus incluante.

En France, la présence policière dans les cortèges des marches des fiertés suscite aussi des réactions, comme en témoigne le cortège Stop au pinkwashing qui avait pris la tête de la Marche des fiertés de Paris le 30 juin 2018. Dans une tribune, plusieurs collectifs et associations s’étaient associées pour dénoncer la participation de la police au défilé : « La police, qui chasse et tue des membres de nos communautés tous les jours, à qui revient le droit de contrôler l’accès à la marche, prétend s’intégrer, via le char du FLAG, asso LGBT de policier.e.s, à notre mouvement. Et l’on devrait saluer la même police qui tue les personnes racisé.e.s des quartiers populaires, qui traque les migrant.e.s, qui réprime les travailleurs/euses du sexe et blesse des militant.e.s ? »

 

  • phil86

    La police est très loin d’être exemplaire mais exclure de la marche les policiers LGBT ne me paraît pas très intelligent parce que nous avons besoin d’une police de plus en plus inclusive et décourager les policiers LGBT de s’engager pour cette inclusion ne peut être que contreproductif.

  • phil86

    Je suis mitigé sur le mélange des luttes car ça noie les luttes LGBTI dans un gloubi boulga illisible comme ce fut le cas à la marche de Poitiers le 2 juin de cette année dans un discours en roue libre où on ne savait plus ce qui était défendu exactement par les organisateurs.

  • phil86

    Je suis sur le mélange des luttes car ça noie les luttes LGBTI dans un gloubi boulga illisible comme ce fut le cas à la marche de Poitiers le 2 juin de cette année dans un discours en roue libre où on ne savait plus ce qui était défendu exactement par les organisateurs.

  • phil86

    L’extrême gauche est très bête. L’activisme a trop souvent des effets pervers.