King Princess, nouvelle reine de cœur de la pop queer
Nouvelle sensation pop venue de New-York, King Princess s'impose comme une artiste qui place au cœur de sa musique son identité de lesbienne. Une future icône ?
Elle se dispute avec Hayley Kiyoko la couronne de « Jésus lesbienne ». King Princess, même pas 20 ans au compteur et une assurance qui fait oublier sa bouille de gamine, a fait une entrée plus que remarquée sur la scène new-yorkaise avec Make My Bed, un premier EP imparable sorti en juin dernier chez Zelig, le label du producteur Mark Ronson : solaire, pop, un brin mélancolique et servi par une flopée de clips qui laissent entrapercevoir une chanteuse à suivre de près.
Clope au bec, nonchalante, King Princess traîne un je-ne-sais-quoi d’arrogant, mais on lui pardonne, tant en tout juste cinq chansons, d’une rupture alcoolisée avec la déchirante Talia, à l’ode au syndrome de la pauvre petite fille riche (qu’elle est ?) avec Upper West Side, elle nous retourne le cœur comme une crêpe.
Élevée à Brooklyn dans une famille où il n’y avait qu’à tendre le bras pour attraper un instrument, pas très étonnant que Mikaela Strauss – son vrai nom – se soit si naturellement tournée vers la musique. Avec son faux-air de Sofia Coppola et son flegme insouciant, King Princess se distingue par une pop envoûtante mais moins lisse, moins sage, plus rebelle que celle d’Hayley Kiyoko. « I hate it when dudes try to chase me / But I love it when you try to save me / ‘Cause I’m just a lady », chante-t-elle dans 1950, bluette irrésistible dans laquelle elle raconte son crush du moment.
En bonne millenial, King Princess est une addict aux réseaux sociaux et poste plus ou moins compulsivement photos et stories. C’est donc tout naturellement que des photos de sa petite amie, l’actrice et militante afroféministe et LGBT+ Amandla Stenberg, qu’elle a rencontré en juin dernier, apparaissent un peu partout sur son compte Instagram. Ces deux-là font partie de la jeune génération de chanteuses et d’actrices qui n’hésitent pas à affirmer leurs engagements politiques, en plus d’être totalement adorables :
Même pas peur
Il est loin le temps où une certaine Katy Perry chantait qu’elle avait embrassé une fille, que ça lui avait plu et qu’elle espérait que son petit ami n’y trouverait rien à redire. Mais dix ans après ce tube lesbien-mais-pas-trop, elles sont encore rares ces chanteuses – et plus globalement ces artistes – qui parviennent à être pleinement elles-mêmes dès le début de leur carrière et qui semblent avoir balayé d’un revers de main les peurs de se voir coller l’étiquette « lesbienne ». Cette pression, on pourrait croire que King Princess ne l’a jamais eu, ni même ressenti.
Interviewée dans NME en juillet dernier, elle montre une vraie conscience de l’enjeu de la visibilité : « Je crois qu’être sûre de soi est une manière de s’exprimer. Ce n’est pas comme si la seule manière d’être gay est de dire je suis gay – ou queer, désolée, pour être plus inclusive. Je ne suis évidemment pas la représentation parfaite de quoi que ce soit, mais je crois vraiment que c’est important d’avoir des gens qui disent je suis homo, parce qu’ils sont vraiment homos – et qui ne sont ni bis, ni pans, ni juste queers – qui ressentent le besoin de voir des personnes qui vont être seulement avec des femmes ou des hommes à la télé, dans les films, dans la musique, et se sentir proche de ça. Tout comme les personnes bisexuelles ont besoin de représentations, les homos aussi, les personnes trans aussi. Tout le monde a besoin de voir des gens comme soi. »
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