Pinkwashing : les trois-quarts des personnes LGBT+ en ont ras-le-bol
L'étude britannique montre aussi que les personnes qui se disent alliées des luttes LGBT+ ne sont pas aussi regardantes que les concerné.e.s sur la question.
Une étude menée par l’agence britannique YouGov, près de 75 % des personnes LGBT+ attendraient des marques et entreprises bien plus qu’un char à la marche des fiertés où un arc-en-ciel glissé dans une communication. Ce que ces personnes interrogées souhaiteraient plutôt ? Voir ces organisations à but lucratif metre en place des réseaux de soutien aux personnes LGBT+ qu’elles emploient, et servent.
D’après la même étude, menée sur 1 711 adultes au Royaume-Uni, dont 136 personnes directement concernées par les droits LGBT+, les personnes se définissant comme alliées des luttes queer seraient moins exigeantes envers les entreprises cherchant à se donner une image gay friendly. Seulement 50 % d’entre-elles pensent que le soutien devrait aller au-delà de la communication. Et pour la « population générale » (sic), seulement 36 % des sondés et sondées partagent cet avis sur cette pratique que l’on nomme pinkwashing.
Pour Chantel Le Carpentier, chercheuse à l’origine de ces chiffres interrogée par PinkNews, a déclaré : « Nos résultats montrent que bien que la majorité des personnes LGBT+ soutiennent les entreprises qui mettent un drapeau rainbow dans leur com’, un plus grand nombre de ces personnes encore préférerait voir ces mêmes boîtes s’impliquer activement pour les droits de leurs employé.e.s et client.e.s queer. C’est clairement une information cruciale que les marques devraient avoir en tête en réfléchissant à leur stratégie marketing pour la prochaine saison des prides et bien sûr, toute l’année qui arrive ».
Regarder au-delà de l’image « gay friendly » des entreprises
Sam Bjorn, membre de Lesbians and Gays Support the Migrants, a également commenté ces chiffres auprès du site d’infos LGBT+ britannique : « Ce qui est le plus important ce sont les règlements et agissements de ces organisations, et la manière dont ils affectent les personnes LGBT+ et toutes celles qui font face à des oppressions et persécutions, comme celles que nous avons subies par le passé ». L’activiste a également critiqué les entreprises qui se donnent une bonne image en se positionnant comme LGBT friendly, mais qui restent complices des oppressions subies par les migrant.e.s, dont des personnes queer fuyant la répression. Un clin d’oeil assumé à l’action de LGSM à la pride de Brighton cet été, pour épingler British Airways et son gros drapeau rainbow, qui continue de participer à des expulsions d’exilé.e.s.
Voilà des chiffres qui ne manqueront pas de faire réfléchir et débattre les assos LGBT+ organisatrices de prides dans leurs villes quant à la place des entreprises dans les cortèges des marches des fiertés 2019… comme la question s’est déjà posée cette année à Paris.
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