D'après un sondage russe, le « lobby LGBT » fomenterait un complot destructeur
Derrière les résultats aberrants de ce sondage totalement absurde, se cachent les conséquences de la loi sur la « propagande homosexuelle »…
La situation est grave : nous avons été démasqué.e.s. D’après un sondage publié ce 20 août par le VTsIOM, « centre panrusse de l’opinion publique », 66 % de la population russe estime qu’il existerait bel et bien un groupe de personnes qui souhaiteraient « réécrire l’histoire de la Russie »… Et parmi les 2 000 personnes interrogées sur un échantillon représentatif des personnes vivant en Russie, 63 % croient plus particulièrement en l’existence d’une « organisation qui cherche à détruire les valeurs spirituelles de la Russie par le biais de propagande sur les relations sexuelles non-traditionnelles ».
De la propagande hétérosexualiste du Kremlin
Une fois qu’on a fini de pouffer de rire face au ridicule global de cette idée (quoi que, ce serait sans doute sympa, finalement, une « dictature LGBT »…), cette information a de quoi sérieusement nous inquiéter.
La présentation de ces chiffres de VTsIOM est conclue par un point sur l’âge des sondé.e.s : 69 % des personnes qui croient en l’existence d’un lobby arc-en-ciel auraient entre 45 et 59 ans… et parmi les 24 % de répondant.e.s qui estiment qu’il n’y a là point de complot LGBT+, 48 % sont âgé.e.s de 18 à 24 ans. Les LGBTphobies complotistes seraient-elles une simple affaire de générations en Russie ? Au royaume de Vladimir Poutine, où il existe bel et bien une loi pénalisant la « propagande homosexuelle » (parler de manière positive d’identités de genre ou d’orientation sexuelles dites « non-traditionnelles » devant des mineur.e.s) depuis 2013, c’est bien plus compliqué que cela.
En effet, l’institut de sondage VTsIOM (en place depuis 1987) est, à l’heure actuelle, une agence d’études si proche du Kremlin que son fondateur, le sociologue Iouri Levada, a du créer une seconde agence en 2004 : VTsIOM-A (renommé en Centre analytique Levada depuis), afin de pouvoir travailler de manière indépendante. La publication de ces chiffres est donc finalement plus une manière de prouver l’efficacité de la loi qui réduit au silence les personnes LGBT+ de Russie depuis 5 ans que de montrer une forme de cohérence avec les « craintes » de la population russe déjà bien ancrées…
Une « anecdote » douce amère – surtout amère – qui est également l’occasion de réfléchir sur la manière dont les droits durement acquis des personnes LGBT+ peuvent drastiquement reculer face à la banalisation d’une rhétorique rétrograde dans le débat public. Gare à la propagande de l’hétérosexualisme, donc.
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expat
Quelle tristesse pour la Russie. Il y a 9 ans, nous avions été avec mon conjoint à Saint Pétersbourg. Ville magnifique. Nous vivons en Suède, nous avions pris le bateau pour faire Stockholm Helsinki en Finlande, puis depuis Helsinki, nous avions pris le train. A cette époque, cette loi n’existait pas, nous avions passé il y a 9 ans un super séjour à Saint Pétersbourg. Mais aujourd’hui, nous ne pouvons plus y aller…