« Nos morts sont normalisées » : tristesse et colère des associations après le meurtre d'une femme trans au bois de Boulogne
Vanessa Campos, une femme trans travailleuse du sexe a été tuée dans la nuit du 16 au 17 août au bois de Boulogne. Plusieurs associations dénoncent l'indifférence chronique face aux meurtres transphobes.
Vanessa Campos avait 36 ans et était originaire du Pérou. Son corps a été retrouvé vendredi 17 août au bois de Boulogne. Selon les premières informations, une bande serait à l’origine de sa mort.
Par un communiqué commun, l’association Acceptess T et le Syndicat du travail du sexe (Strass) ont fait part de leur colère et de leur tristesse après le meurtre de Vanessa Campos, un cas loin d’être isolé : « Les assassinats de femmes trans travailleuses du sexe n’ont rien de rare. C’est un phénomène récurrent et régulièrement nous tentons d’alerter l’opinion publique et les autorités sur ces violences. Malheureusement comme toujours, nous nous retrouvons seules. »
« Pour nous, il n’y a jamais de deuil national »
À la douleur de la perte de leur amie, s’ajoute la colère face à l’indifférence : « Nous avons en nous cette étrange impression que nos morts ne suscitent aucune émotion. Pour nous, il n’y a jamais de deuil national. Il n’y a jamais de commémoration officielle. La classe politique reste muette. Une fois les articles de presse sensationnalistes passés, c’est le retour au silence, et on doit retourner travailler la peur au ventre, en attendant d’être peut-être la prochaine. Nos morts sont normalisées. Une pute qui meurt c’est un peu comme un personnage de jeu vidéo qu’on tue, ce n’est pas grave. C’est un peu comme une blague sexiste, on en rit, puis on passe à autre chose. » Selon Le Parisien, une dizaine de femmes travailleuses du sexe ont été tuées au bois de Boulogne au cours des dernières années.
Des conditions de travail dégradées et une plus grande insécurité
Depuis son entrée en vigueur il y a deux ans, la loi de pénalisation des clients de la prostitution est dénoncée par plusieurs associations, dont Médecins du Monde et le Planning familial. Elles estiment que, loin d’aider les personnes travailleuses du sexe à sortir de la prostitution lorsqu’elles le souhaitent, la loi a fait empirer leurs conditions de travail, notamment en mettant en péril leur sécurité. 42 % des travailleurs et travailleuses du sexe confient faire face à plus de violences depuis la loi, estime une étude inter-associative publiée en avril dernier. « Tout le monde connait le contexte politique, législatif, administratif et social dans lequel nous vivons. Chacun comprendra et jugera de ce qui facilite ou non ces violences. Nous n’avons pas besoin d’insister dans la dénonciation que nous portons déjà tout le temps » déplorent avec amertume le Strass et Acceptess T.