Un premier mineur condamné pour « propagande homosexuelle » en Russie
Maxim Neverov est un lycéen mais aussi et surtout un opposant à Poutine et militant LGBT+. À 16 ans, il est déjà dans le viseur des autorités russes...
À Biïsk, ville russe au sud-ouest de la Sibérie, un jeune militant dérange. Très impliqué pour soutenir la candidature d’Alexeï Navalny durant la campagne présidentielle 2018, Maxim Neverov a déjà déposé 12 requêtes pour un événement intitulé « Gays ou Poutine » en 2018 dans sa ville. Déjà arrêté trois fois par la police lors d’actions, c’est finalement pour une activité bien anodine que le lycéen de 16 ans, qui ne cache pas son engagement pour les droits LGBT+, vient d’être condamné…
Ce qu’on reproche à Maxim Neverov ? La présence de trois photos un peu trop arc-en-ciel et bien banales, postées il y a plus d’un an sur son profil VKontakte – le Facebook made in Russia – désormais qualifiées de « propagande homosexuelle ». En effet, depuis 2013, une loi interdit les représentations (positives, bien sûr) des relations sexuelles ou identités de genre « non-traditionnelles » devant les mineurs en Russie (condamnée par la CEDH en 2017), ce qui laisse la place à bien des interprétations pour faire taire les dissident.e.s.
Ironie glaçante et contre-attaque
Le 7 août dernier, le garçon a donc été condamné à verser la somme de 50 000 roubles (soit environ 650 euros) pour ces contenus postés sur VK. Interrogé par les médias, Maxim Neverov n’a pas manqué de relever l’ironie grinçante d’être le premier mineur condamné pour « protéger » les mineur.e.s de tout ce qui pourrait bouleverser les sacro-saintes valeurs familiales prônées par Vladimir Poutine, et son cher ami le patriarche Kirill. L’avocat de Maxim, Artem Lapov – épaulé par le Russian LGBT Network – a déclaré qu’il s’agissait là d’une nette violation du droit d’expression, et a annoncé l’intention du jeune activiste de faire appel de cette décision de justice.
Sur sa chaîne YouTube, Maxim Neverov raconte ses mésaventures avec beaucoup de calme, malgré ce qui ressemble fortement à un harcèlement policier et administratif (il a failli être renvoyé de son école également). Résiliant, il montre par cette vidéo qu’il n’a aucunement l’intention de se taire face à l’injustice que lui, et ses camarades LGBT+ de Russie, subissent ces dernières années. Par ailleurs, l’association All Out a lancé une pétition pour soutenir le militant en herbe mais au mental d’acier dans sa bataille juridique. Il souhaite que celle-ci mène à l’abrogation de la loi sur la propagande homosexuelle.
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