Une ville d'Oklahoma ferme ses écoles pour protéger une petite fille trans menacée par des parents
Des parents d'élèves pensaient pouvoir menacer une petite fille trans en toute impunité sur les réseaux sociaux.
Achille, vous connaissez ? Le petit village est situé à une heure de Dallas et à deux heures d’Oklahoma City, en Oklahoma aux États-Unis. Selon sa fiche Wikipedia, la petite ville rurale génère 72 % de ses revenus grâce aux excès de vitesse sur la grand route d’à côté et ses élèves sont nul.le.s en maths, mais fort.es en anglais.
Une petite ville tranquille ? Non. Dans le patelin, les deux écoles sont fermées jusqu’à jeudi 16 août, car Maddie, une élève trans de 12 ans, est menacée de mort. Jeudi 9 août, c’était le premier jour de l’année scolaire, elle rentrait en cinquième et a décider d’utiliser les toilettes des filles (après avoir passé deux ans à utiliser celles du personnel).
« Nous prenons des mesures exceptionnelles pour assurer la sécurité de nos élèves, a assuré le directeur Rick Beene aux médias locaux, nous apprécions tous l’attention que vous avez pour les élèves d’Achille. Notre école est fermée jusqu’à jeudi pour raison de sécurité. Je n’entrerai pas dans les détails, mais nous avons levé le niveau de sécurité. »
Un groupe secret de parents à la transphobie ultra violente
Relatée entre autres par le magazine Them, la situation fait froid dans le dos : des parents d’élèves ont échangé sur un groupe privé Facebook, des messages haineux et des menaces d’agressions transphobes à l’encontre de l’enfant, qu’ils et elles nomment alternativement « la chose » ou « l’asticot » : « s’il veut être une femme, rendez le féminin. Un bon couteau aiguisé fera l’affaire hyper vite », « dites juste aux gamins de lui péter la gueule dans les toilettes et ça ne voudra pas revenir » et l’argument très Manif pour Tous « les parents et les églises doivent arrêter ça : la Bible dit que Dieu a créé l’homme et la femme… pas les transgenres… et puis il a ajouté que tout homme qui s’accouple à un autre homme doit aller en enfer… que les nouvelles lois et les nouvelles règles aillent en enfer, c’est notre futur et on ne fait rien pour arrêter ça ! »
Selon le directeur de l’établissement, certain.e.s auteur.e.s de ces propos ne sont même pas originaires de la commune, et a fortiori ne sont pas parents d’élèves.
L’association pour les droits des personnes LGBT+ PFLAG Oklahoma a émis un communiqué pour s’assurer que la direction de l’établissement réagirait. « Nous voulons nous assurer que ces personnes haineuses ne sont pas soutenues dans leurs pensées ou leurs actions, par l’inaction ou des promesses vides de l’administration de l’école ». Elle a aussi lancé le hashtag #Love4Maddie.
Paula Sophia Schonauer, une officière de police à la retraite et l’une des rares personnes trans out médiatiquement en Oklahoma a tenu à soutenir la famille de Maddie et à rappeler la situation particulière des personnes trans dans cet état rural des États-Unis. « Un jour j’étais assise avec un député et je lui ai dit que je venais pour parler en faveur de l’égalité pour les personnes LGBT, il a demandé ce que signifiait le « T » j’ai dit « T pour Transgenre » et il a répondu ” Oh et bien nous n’avons pas de transgenres en Oklahoma”, alors que j’étais assise pile en face de lui », explique-t-elle à Them.
La famille de Maddie a été mise en lieu sûr et une ordonnance restrictive a été déposée par sa mère contre l’un des parents d’élève, Burney Crenshaw, qui mènerait le front contre son enfant.
En France, la situation est aussi dramatique
Selon une toute récente étude, figurant au rapport de recherche Santé LGBTI de la DILCRAH, la situation vécue par les enfants trans dans le système scolaire français n’est pas meilleure. L’expérience scolaire serait perçue comme « mauvaise » ou « très mauvaise » pour 72 % des jeunes trans et 78 % des jeunes intersexes. Responsables ? La transphobie ordinaire en France, mais aussi le manque d’information et de formation des personnel.le.s dans le système scolaire.
« Isolement, craintes ressenties au moment d’accéder aux espaces genrés dans l’enceinte de l’école (toilettes, vestiaires), absentéisme : les conséquences de la transphobie à l’école sont nombreuses et marquent profondément la vie des individus concernés », avait expliqué le sociologue Arnaud Alessandrin qui a participé à l’étude à Libération.
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expat
Complètement hallucinant !