Discours et french cancan : retour sur la cérémonie de clôture des Gay Games 2018
Ce samedi 11 août 2018 marquait la fin d'une semaine inoubliable de Gay Games dans la capitale française. Les discours et les danses d'adieu étaient à la hauteur.
Après 8 jours de festivités sportives arc-en-ciel dans la capitale, le village des Gay Games 2018 installé sur le parvis de l’Hôtel de Ville de Paris a célébré la fin de l’événement avec panache. C’est à 19h que le rendez-vous était donné à tou.te.s les participant.e.s devant la grande scène, où retentissait déjà un énergique DJ set estival.
Les quelques minutes de retard ont permis aux personnes présentes de bien s’installer pour les deux heures d’aurevoirs à venir, en prévoyant de quoi se rafraîchir sous le soleil rasant encore bien chaud.
Un quart d’heure plus tard, c’est le journaliste et animateur Alex Taylor qui fait son entrée, comme maître de cérémonie. Avec un grand sourire, mais ferme, il annonce que les intervenant.e.s qui feront plus de deux minutes de discours seront « éjecté.e.s ». Et le public valide avec ferveur. Le représentant de la ville de Paris qui prend la parole au nom d’Anne Hidalgo fera donc court : « merci » !
Viennent ensuite deux membres de la Fédération Sportive Gaie et Lesbienne qui remercient Paris ainsi que la région Île-de-France. Ce qui ne manque pas de susciter quelques grognements dans l’assemblée, comme cela a déjà été le cas lors de la cérémonie d’ouverture, à la mention de Valérie Pécresse, connue pour sa proximité avec La Manif pour tous. Euphoriques, ils lâchent même un « Paris est la ville la plus LGBT friendly du monde », oubliant sans doute que la plaque de commémoration des derniers condamnés pour homosexualité a de nouveau été vandalisée cette même semaine, à quelques stations de métro de là.
« Les Gay Games peuvent changer le monde »
Enfin, ce sont Sean Fitzgerald et Joanie Evans, co-président.e.s de la Fédération des Gay Games, qui prennent le micro pour remercier chaleureusement Paris de son accueil, et rappeler que ce rassemblement sportif peut véritablement changer le monde.
Interviewé par Komitid, Sean Fitzgerald a déclaré : « Paris a été une toile de fond incroyable pour cette fabuleuse semaine. Toutes les activités sportives et culturelles se sont déroulées sans aucune difficulté, pratiquement pas d’anicroches, et les organisateurs étaient bien préparés pour les affronter, ce qui est fantastique. Et l’une des choses pour laquelle il faut se réjouir le plus c’est le fait que 10 317 participants auprès desquels nous voulions promouvoir l’égalité, le sport et la culture vont rentrer chez eux et partager cette vision de participation, d’inclusion et de dépassement de soi. »
Joanie Evans a également pris le temps de rendre un puissant hommage aux femmes dans le sport, sous de timides applaudissements et cris de ralliement. Il faut dire que sur la place il y a, à la louche, 90 % d’hommes (et à peu près la même proportion de personnes blanches).
Après ces discours officiels, l’heure est venue de décrocher le drapeau des Gay Games pour la passation. Tous les regards sont désormais tournés vers Hong Kong, première ville d’Asie à recevoir l’événement sportif, en 2022. L’humoriste Sony Chan, originaire de cette même ville, annonce avec joie et fierté la bonne nouvelle en français, puis en anglais, et en chinois.
S’en suit une danse des lions traditionnelle, et tendre, en guise de clin d’oeil aux Gay Games 2022 d’Hong Kong.
Avant de passer à la partie des festivités, Alex Taylor annonce à la foule qu’il reste une formalité : éteindre la flamme pour les quatres années à venir…
« La flamme est éteinte mais le souvenir reste », conclut-il, une pointe de nostalgie dans la voix, avant de laisser la scène aux danseurs et danseuses, après la diffusion d’une vidéo dédiée à tou.te.s les bénévoles qui ont œuvré en coulisses de ces Gay Games.
Voguing et french cancan
Les membres de nombreuses associations sportives LGBT+ dont Laissez-nous Danser (qui ouvre le bal), Paris Aquatique, Aqua Homo ou encore Paname Boxing Club prennent possession des lieux les un.e.s à la suite des autres. Tantôt bercée par la bande originale de La La Land, tantôt remuant son booty sur les tubes de Britney Spears, de RuPaul ou encore de Lady Gaga, l’assistance se laisse porter par le spectacle parsemés de doux clichés sur la France et son histoire.
Tout à coup, le public est cueilli par l’Hymne à l’Amour qui retentit sur le parvis de l’hôtel de ville, tandis qu’une danseuse drapée dans une immense robe-rideau bleu électrique s’élève dans les airs, très dramatique, très Gaultier.
On pourrait croire que c’est déjà le final : que nenni. Comme pour faire plaisir à Freddie Mercury, le show continue sur des chorégraphies de plus en plus poussées, et de flamboyantes prestations de voguing.
En somme, le parvis de l’Hôtel de Ville pavoise comme on l’a rarement vu. Et encore, c’était avant de voir débarquer une rimbambelle de pom-pom boys en ensemble slip-harnais noirs, perruque platine au carré façon Crazy Horse, sur la bande originale du Gendarme de Saint Tropez. Paris n’était pas prête.
Et pour continuer sur la lancée très cabaret de cette performance, les sportifs, sportives et artistes enchaînent sur un numéro de french cancan endiablé.
Moment idéal pour lâcher les chiens, ou plutôt les canons à paillettes argentées, et achever le public, qui avait déjà fait le plein de chatoyance pour les 15 années à venir.
Après cette ultime chorégraphie, danseurs et danseuses reviennent sur scène, portant tou.te.s le tee-shirt rouge des bénévoles des Gay Games 2018 de Paris.
Et la foule se fait une nouvelle fois asperger de confettis scintillants, cette fois-ci, aux couleurs de l’arc-en-ciel…
Dans le public, la joie est palpable, en miroir de celle que laisse éclater la troupe de tee-shirts rouges qui dévale les marches de la scène en sautillant.
Comment se quitter sans remercier la régie ? Alex Taylor prend le temps de dire merci à ces artistes et technicien.ne.s, dont une grande partie restera au charbon pendant qu’une poignée d’entre elles et eux pourra brièvement monter sur scène récolter les applaudissements.
Ce n’est qu’un au revoir
Après nous avoir de nouveau donné rendez-vous dans quatre ans à Hong Kong pour la onzième édition des Gay Games – qui marquera les 40 ans de cette institution arc-en-ciel – le maître de cérémonie nous invite à la soirée de clôture… en précisant bien où acheter les billets pour cette fête qui aura lieu au Docks de Paris sur le village.
Le parvis de l’Hôtel de Ville se vide, mais doucement. Personne ne semble avoir hâte de quitter cette ambiance si spéciale, pour faire durer le plaisir encore un peu. Tandis que le DJ set reprend sur scène, une certaine mélancolie tombe sur la place, en même temps que le jour sur la ville.
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