« Nous voulons porter un message de solidarité » : la Marche des Fiertés parisienne mobilisée contre la transphobie
James Leperlier, président de l'Inter-LGBT, qui organise tous les ans la Marche des Fiertés LGBTQIA+ de Paris - Ile-de-France, présente l'édition 2024 dédiée à la lutte contre la transphobie, et replace l'action des militants dans le contexte politique induit par la dissolution du Parlement.
Komitid : La marche des fiertés LGBT de Paris se déroulera cette année le 29 juin. Le cortège empruntera un nouvel itinéraire, est-ce en raison des Jeux Olympiques ?
James Leperlier : Les Jeux Olympiques n’ont pas affecté notre choix du parcours. C’était un parcours qu’on avait envisagé pour les années précédentes, et cette année, nous avons décidé de l’expérimenter en partant à nouveau du nord de Paris. Nous partirons de la porte de la Villette à 13h30 pour atteindre la place de la République, cette place traditionnelle où se tiendra le podium de la marche des fiertés, à partir de 17h. Jusqu’à 22h, s’y déroulera le concert de la marche des fiertés.
Les chars motorisés font leur retour dans le cortège cette année ?
Les véhicules motorisés de moins de 8 mètres sont à nouveau autorisés. Il y en aura à peu près une quarantaine, puisque la règle cette année a été de mutualiser les chars, enfin les véhicules pour à minima deux associations ou deux collectifs. Du coup, on en aura à peu près une quarantaine, soit finalement, autant qu’à l’époque où chaque association pouvait avoir son propre véhicule. Donc oui, il y aura des véhicules. Et oui, il y aura de la musique et de l’ambiance !
La marche des fiertés s’inscrit cette année dans un contexte politique très particulier.
La marche des fiertés de Paris et d’Île-de-France se déroulera à la veille du premier tour des législatives, ce qui pose un réel enjeu pour nous, personnes LGBTQIA+, et pour l’ensemble de la société civile, puisqu’on n’a jamais été aussi près d’avoir l’extrême-droite et ses alliés aux portes du pouvoir et au pouvoir.
« lorsque l’extrême-droite arrive au pouvoir, les premières victimes des politiques de ces partis-là […] sont les personnes LGBTQIA+ »
C’est tout naturellement que lors de cette marche des fiertés de Paris, nous avons souhaité affirmer notre volonté d’appeler les personnes à voter contre l’extrême-droite et pour des partis qui mettent nos droits et nos revendications dans leurs priorités. Parce qu’on sait que lorsque l’extrême-droite arrive au pouvoir, les premières victimes des politiques de ces partis-là sont les minorités, sont les personnes LGBTQIA+, sont les femmes, sont les migrants, sont toutes ces personnes-là qui vivent aujourd’hui dans l’incertitude, dans la peur, et qui sont cibles aussi d’une augmentation des discours de haine à la fois sur internet et dans la rue, et des actes de violence puisqu’on alerte depuis de nombreux mois sur l’augmentation des cas de LGBTphobie et des cas de violence à l’encontre des personnes LGBTQIA+, des biens et des symboles, en France et à Paris.
Vous n’êtes pas du tout d’accord avec le Premier ministre Gabriel Attal quand il affirme que le Rassemblement national n’est pas un parti homophobe ?
Je pense qu’il faut se rappeler 2022 et la campagne présidentielle où Marine Le Pen annonçait vouloir mettre un moratoire sur les droits des personnes LGBTQIA+, et notamment sur le mariage pour tous et l’adoption des couples de même sexe. Je pense qu’en deux ans, une doctrine ne change pas radicalement et l’insistance même d’un parti politique ne peut pas changer.
Il ne faut pas céder aux sirènes du modernisme et du polissage que représente le Rassemblement national ces derniers mois. Il faut se rappeler que ce parti et notamment ses alliés, sa base, ses racines, ont toujours été profondément hostiles envers les personnes LGBTQIA+. La preuve en est, parmi leur électorat, on appelle déjà à casser du PD dans trois semaines, après les législatives. On ne peut pas se dire que le Rassemblement national et extrême droite n’est pas homophobe. C’est se mentir et c’est mentir à la population.
Cette année, la Marche des Fiertés est plus particulièrement axée sur la défense des droits des personnes trans.
On constate que depuis plusieurs mois et même plusieurs années, le discours transphobe est vraiment libéré, banalisé et décomplexé, à la fois dans les médias, mais aussi désormais dans l’hémicycle. Pour nous, il est important de rappeler à l’ensemble des personnes LGBTQIA+, mais aussi de nos alliés, des personnes de la société, qu’il est important de se mobiliser contre la transphobie, contre le discours de haine envers les personnes trans. Parce que si on ne le fait pas aujourd’hui, demain, c’est revenir sur des droits qui sont déjà fragiles pour les personnes trans, et c’est mettre des personnes dans la difficulté, dans la souffrance, et les forcer à vivre dans la discrimination. Et ça, humainement, on ne peut pas le tolérer.
« il est important de se mobiliser contre la transphobie […] parce que si on ne le fait pas aujourd’hui, demain, c’est revenir sur des droits qui sont déjà fragiles »
Après les propositions de loi ouvertement transphobes au Sénat et à l’Assemblée nationale déposées par le Rassemblement national et les Républicains, on a décidé d’alerter l’opinion publique en disant qu’en 2024, nous voulons que la Marche des Fiertés soit profondément contre la transphobie, et qu’elle porte un message de solidarité, ce qu’on a appelé la « trans-solidarité ». Cela signifie que tout le monde, toutes les personnes LGBTQIA+, et les alliés, doivent être solidaires de nos adelfes trans et aussi intersexes. C’est pourquoi le mot d’ordre de la marche de cette année est « contre la transphobie, trans-solidarité ».
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