Trop « efféminé », « maniéré » ? En Espagne, une représentation du Christ ciblée par les ultraconservateurs
En Espagne, l'affiche officielle retenue pour les festivités de la Semaine sainte à Séville suscite la colère des milieux ultraconservateurs, qui réclament son retrait.
Un Christ trop « efféminé » ? En Espagne, l’affiche officielle retenue pour les festivités de la Semaine sainte à Séville suscite la colère des milieux ultraconservateurs, qui réclament son retrait, la jugeant « offensante » pour les catholiques.
Présentée samedi, cette affiche réalisée par l’artiste sévillan Salustiano García montre le Christ ressuscité, légèrement couvert au niveau de la taille par un linceul blanc.
Elle montre « la partie lumineuse de la Semaine sainte », dans le « style propre à ce peintre prestigieux », a souligné dans un communiqué l’organisation regroupant l’ensemble des confréries sévillanes participant aux processions séculaires de la Semaine sainte.
Destinée à être apposée dans l’ensemble de la ville, cette affiche a suscité la polémique sur les réseaux sociaux, où de nombreux internautes ainsi qu’une association catholique ultraconservatrice ont dénoncé son caractère, selon eux, « sexualisé ».
Cette affiche est « une véritable honte et une aberration », a ainsi estimé, sur X, l’Institut de politique sociale (Ipse), organisation de défense des « symboles chrétiens », notamment engagée contre l’avortement.
Jugeant ce Christ « efféminé » et « maniéré », elle a réclamé son retrait et demandé des excuses publiques à l’artiste, estimant que cette représentation « offensante » ne correspondait pas à l’esprit de la Semaine sainte.
Ces critiques ont été relayées par le responsable du parti d’extrême droite Vox à Séville, Javier Navarro, qui a jugé sur X « cette affiche provocante ». Elle ne répond pas à « l’objectif pour lequel elle a été conçue », à savoir « encourager la participation dévote des fidèles », a-t-il ajouté.
Des réactions dénoncées par son auteur, qui s’est dit dans un entretien au quotidien conservateur ABC « surpris » par ces attaques et a assuré avoir peint une œuvre « sympathique » et « élégante », dans une démarche de « profond respect » pour les croyants.
« Pour voir de la sexualité dans mon Christ, il faut être malade », a estimé l’artiste de 52 ans, en rappelant que le Christ était régulièrement représenté dénudé dans l’art classique. « Les personnes qui ont dit du mal de mon travail (…) ont besoin d’un peu de culture artistique », a-t-il raillé.
Les socialistes, au pouvoir en Espagne, ont eux pris la défense de l’affiche, dénonçant le caractère « homophobe et haineux » des attaques, selon les termes de leur responsable en Andalousie, Juan Espadas, qui a défendu l’alliance de « tradition et de modernité » caractéristique de cette région.
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