Polémique Oudéa-Castéra : les communistes ciblent le financement public de Stanislas
Ce collège-lycée privé Stanislas, où la nouvelle ministre de l'Education a scolarisé ses enfants, est visé par une enquête administrative sur des accusations de dérives homophobes et sexistes.
La région Ile-de-France a versé près de 1,8 million d’euros en 2023 au collège-lycée privé Stanislas, visé par une enquête administrative sur des accusations de dérives homophobes et sexistes, un montant bien supérieur aux « obligations légales », indiquent des élus communistes dans une lettre à la ministre de l’Education.
Dans ce courrier daté de lundi et adressé à Amélie Oudéa-Castéra – dont les enfants sont scolarisés dans cet établissement catholique et très prisé –, la cheffe des élus communistes Céline Malaisé demande à la ministre de « bien vouloir publier cette enquête » administrative annoncée par le ministère en avril 2023.
Le ministère (alors dirigé par Pap Ndiaye) avait indiqué avoir saisi son inspection générale et lancé un appel à témoignages « suite à différents articles parus dans la presse concernant le collège Stanislas », situé dans le très chic VIe arrondissement de Paris.
Quelques mois auparavant, le site d’information Mediapart avait révélé, « témoignages et documents à l’appui, l’univers sexiste, homophobe et autoritaire du collège et lycée parisien Stanislas, établissement privé catholique décrit comme “le meilleur” lycée de France ».
Dans la lettre des élus communistes, Mme Malaisé indique que la région Ile-de-France dirigée par Valérie Pécresse (LR) a octroyé « au-delà des obligations légales » 487 000 euros de subventions d’investissement à Stanislas en juillet 2023, « en pleine connaissance des témoignages et de l’enquête en cours ». Cette somme s’ajoutait aux dotations de fonctionnement d’un montant proche de 1,3 million d’euros pour l’année scolaire 2022-2023.
Malgré l’enquête administrative, la région dirigée par la droite « n’a pas souhaité remettre en cause cette participation financière discrétionnaire », souligne-t-elle.
L’élue PCF s’interroge « sur la régularité d’une telle subvention » alors que le Code de l’Education stipule qu’elles « ne peuvent excéder le dixième des dépenses annuelles de l’établissement ».
L’établissement Stanislas se trouve depuis quelques jours sous le feu des projecteurs. Quelques heures à peine après son arrivée rue de Grenelle, la nouvelle ministre de l’Education a répondu qu’elle avait scolarisé ses enfants dans cette école privée, en raison de sa « frustration » devant « les paquets d’heures » d’enseignement non remplacées lors des absences de professeurs à l’école publique.
Elle a ensuite dit « regretter ses propos ».
Et l’enseignante qu’avait eu le fils aîné de la ministre en petite section de maternelle – où il n’a passé que quelques mois – a raconté à Libération que les parents avaient décidé de quitter l’école maternelle publique car celle-ci s’opposait au souhait des parents de faire sauter une classe à leur enfant.
Suite aux révélations des médias début 2023, l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGÉSR) avait été saisie le 22 février dernier. Le rapport issu de cette enquête avait été transmis au ministère l’été dernier. Mais il n’a pas été rendu public.
Le 16 janvier, deux sénateurs communistes, Ian Brossat (Paris) et Pierre Ouzoulias (Hauts-de-Seine), ont saisi la Commission d’accès au document administratif (CAD) pour obtenir en tant que parlementaires et comme le prévoit la loi, l’accès à ce rapport. Dans un communiqué de presse, ils écrivent : « Il est impératif de s’assurer que la loi de la République prévaut effectivement au sein du lycée de Notre-Dame des Champs. Tout manquement à ces dispositions devra entraîner des sanctions immédiates. La protection des élèves et le respect des valeurs républicaines ne sauraient être sacrifiés à la porte des établissements privés. »
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