Suicide de Lucas : un an après, flou autour d'une enquête administrative
Un an après la mort de Lucas, adolescent de 13 ans dont le suicide à Golbey (Vosges) avait suscité une émotion nationale, le lancement d'une enquête administrative par le ministère de l'Education nationale soulève des doutes.
Lucas, 13 ans, s’était suicidé le 7 janvier 2023 après avoir écrit un mot exprimant sa volonté de mettre fin à ses jours. Ses proches avaient dénoncé des faits de harcèlement, révélant les moqueries et insultes à caractère homophobe dont l’adolescent s’était dit victime de la part d’élèves de son collège.
L’avocate de la mère de Lucas, Catherine Faivre, a indiqué vendredi à l’AFP avoir reçu l’information selon laquelle il n’y avait pas eu d’enquête administrative à la suite du suicide de l’adolescent, confirmant une information initiale de Mediapart.
« Ce drame montre à quel point la lutte contre le harcèlement scolaire doit demeurer une priorité du gouvernement » avait déclaré Pap Ndiaye, alors ministre de l’Education nationale.
Il avait annoncé l’ouverture d’une enquête administrative, en plus de l’enquête pénale diligentée par le parquet d’Epinal.
Sollicité à plusieurs reprises par l’AFP au sujet de l’existence ou non d’une telle enquête administrative au sein du collège où était scolarisé Lucas, le rectorat de l’académie de Nancy-Metz n’a pas répondu.
Le ministère de l’Education nationale n’a pas répondu non plus.
Le principal du lycée Louis Armand de Golbey n’a pas souhaité s’exprimer et a renvoyé l’AFP vers les services de l’Education nationale.
En décembre, Mediapart indiquait que le principal n’avait jamais été auditionné dans cette affaire. « Pour moi, il n’y a pas de harcèlement scolaire. Il y a eu un procès pour des élèves qui ont émis quelques moqueries. C’est tout », a-t-il déclaré au média.
Contacté, le parquet d’Epinal n’a pas répondu.
La Cour d’appel de Nancy a relaxé en novembre les quatre adolescents poursuivis pour des faits de « harcèlement ayant entraîné le suicide » de Lucas.
En première instance, le tribunal avait reconnu les quatre mineurs coupables de harcèlement, mais sans retenir le lien de causalité entre ces faits et le suicide de Lucas.
Cette relaxe a constitué « un choc » pour la mère de Lucas, selon Me Faivre. « Le système judiciaire aujourd’hui ne répond pas à la réalité vécue par les victimes de harcèlement scolaire qu’il convient de protéger », avait-elle déploré, avant d’annoncer un pourvoi en cassation.
Le parquet général a également formulé un pourvoi en cassation.
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