Voici pourquoi Queer Pantin a lancé un questionnaire sur les LGBTphobies dans le 93

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Créée en mai 2021, l'association Queer Pantin a lancé un questionnaire pour mieux connaître le vécu des personnes LGBTQI+ dans les villes populaires de Seine Saint-Denis. Elle nous en dit plus.

Le cortège de Queer Pantin à la Pride des banlieues 2023
Le cortège de Queer Pantin à la Pride des banlieues 2023 - Christophe Martet pour Komitid

L’association Queer Pantin a été créée en mai 2021, entre deux vagues de Covid pourrait-on dire, et sa présence à la Pride des banlieues est de plus en plus remarquée. Elle a lancé un questionnaire pour mieux connaître le vécu des personnes LGBTQI+ dans les villes populaires de Seine Saint-Denis. Elle nous en dit plus.

Komitid : Comment se porte l’association Queer Pantin et quels sont les prochains projets ?

L’association se porte bien. Nous avons de nouvelles personnes dans l’équipe qui apportent un autre dynamisme à l’association. Pour ce qui est des projets, nous avons en parallèle du questionnaire sur les LGBTQIphobies, qui est l’organisation d’une soirée Queer Pantin en février. Le questionnaire est également un gros projet, car une fois que nous aurons récolté les données, il y aura toute l’analyse et la création d’un plan d’action à mener auprès des institutions publiques.

Justement, pour quelle raison avez-vous lancé ce questionnaire ?

Nous n’avons pas seulement lancé un questionnaire sur les LGBTQIphobies, mais un questionnaire sur les LGBTQIphobies dans les villes populaires du 93 car jusque là, nous n’avons aucun chiffre concret sur ces violences dans nos territoires et il y a beaucoup de préjugés et de fantasmes. Il serait donc intéressant de mettre des chiffres sur ces violences et leurs perceptions pour aider et agir au mieux pour les personnes qui en ont besoin. Faire un état des lieux sur ces violences nous permettra de mettre en lumière les dysfonctionnements du système. Nous partons d’un constat : rien ou peu de choses sont mises en place dans nos villes. Rien pour nous sans nous.

« Grâce à ces résultats nous aurons une meilleure vision des actions prioritaires à mener pour améliorer le quotidien des personnes LGBTQIA+ qui en ont besoin »

Une fois les réponses collectées et l’analyse effectuée, qu’est-ce que vous comptez faire des résultats ?

Une fois les réponses collectées et l’analyse effectuée nous comptons bien entendu les publier, auprès de nos adhérent-e-s, sur nos réseaux et également auprès des médias qui ont partagé ce questionnaire. Avec ces chiffres, nous allons pouvoir construire ensemble un environnement plus serein pour nos communautés. Il est essentiel également de mener des actions en fonction des résultats que nous aurons. Grâce à ces résultats nous aurons une meilleure vision des actions prioritaires à mener pour améliorer le quotidien des personnes LGBTQIA+ qui en ont besoin, de prévenir et réduire ces violences et d’entamer un travail en partenariat avec les institutions qui ont pour rôle d’agir sur ces thématiques (ville, communauté de communes, département, etc …). Car il est évident que des chiffres nous donneront plus de légitimité et de crédibilité auprès de ces institutions en provoquant une prise de conscience, en mettant des chiffres sur nos vécus. Le rôle de ce questionnaire est aussi informatif : il est important d’en parler au sein de nos communautés et que nous prenions conscience que nos vécus sont communs.

 

Avez-vous déjà mis en place un dispositif d’aide aux personnes LGBTQI face aux violences ?

Nous n’avons pas mis en place un dispositif d’aide aux personnes LGBTQIA+ face aux violences faute de moyen et d’expertise. Nous sommes une association communautaire, nous sommes sur les réseaux et disponibles bien entendu si une personne a besoin d’aide. Nous sommes là pour l’écouter et l’accompagner vers les institutions ou associations qui pourront l’aider au mieux en fonction des violences subies. Nous avons davantage vocation à faire de la prévention, de l’information, de l’écoute contre ces violences et de la socialisation pour les personnes LGBTQIA+ car cela est essentiel pour notre bien-être. Le lien social est essentiel dans nos communautés.

 

Comment analysez-vous le climat actuel et l’accumulation de nombreux actes et agressions LGBTQIphobes ?

Depuis la Manif pour tous en 2013, les LGBTQIphobies sont complètement décomplexées. Les réseaux sociaux en ont été (et en sont encore) le relais en toute impunité. Nous vivons avec ces violences depuis toujours, les chiffres de ces violences augmentent mais aussi parce que la parole se libère. Il y a de nos jours un climat de violence de la libération de la parole LGBTQIphobe et en particulier transphobe. D’après l’association SOS homophobie, le nombre de violences transphobes a particulièrement augmenté. Ces chiffres sont déclaratifs et nationaux, ce qui ne nous permet pas une analyse précise sur nos territoires.

« Nous dénonçons tout pinkwasing, en particulier de la part du gouvernement »

Avez-vous participé à l’élaboration du plan gouvernemental dévoilé l’été dernier par l’ancienne ministre Isabelle Rome et que pensez-vous des mesures annoncées ?

Nous n’avons pas participé à ce plan mais nous en avons pris connaissance. A notre grand regret, il s’agit surtout d’un effet d’annonce. Nous exprimons notre méfiance et dénonçons tout pinkwasing, en particulier de la part du gouvernement.

On ne pourra pas faire davantage avec un budget constant. C’est le nerf de la guerre et il parait difficile de former les personnes sans moyens suffisants. Cela fait des années que les gouvernements successifs annoncent des plans de lutte contre les LGBTQIphobies mais les applications ne suivent pas par manque de budget et de volonté politique. Par exemple, il n’ y a pas un seul référent de lutte contre les LGBTQIphobies dans tout le département de la Seine Saint Denis qui regroupe 1,7 millions d’habitant-es, contrairement à une annonce gouvernementale de 2019.

Pour répondre au Questionnaire sur les LBGTQI+phobies en banlieue : https://queerpantin.limesurvey.net/583141
Lien vers la page Instagram de Queer Pantin