On y était : la finale de Drag Race France 2, un grand pas pour la télévision française
Komitid était au Grand Rex pour la finale de la saison 2 de Drag Race France, et vous raconte l'effervescence révolutionnaire qui s'est dégagée de cet évènement.
Drag Race France saison 2 vient de couronner sa nouvelle grande gagnante en la personne de la très méritante Keiona, figure de la ball-room à l’international, au terme d’un ultime épisode palpitant. Komitid vous raconte la folle soirée de cette même finale, enregistrée quelques jours à l’avance.
Pour l’occasion, Endemol et France Télévision ont mis les petits plats dans les grands en investissant le Grand Rex pour un show final en public enregistré cinq jours avant sa diffusion. C’est une première d’ailleurs pour la finale d’une franchise internationale ! Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la production a mis les moyens pour concrétiser au mieux cette folle promesse : dans la plus grande salle de cinéma d’Europe, danseurs, célébrités, happenings et performances se sont succédés jusqu’à un lipsync final légendaire. Il y a d’ailleurs quelque chose de particulièrement émouvant à voir le savoir-faire télévisuel d’Endemol et les moyens financiers de France Télévisions se mettre au service d’un spectacle aussi nouveau qu’audacieux. L’air de dire que nous y sommes enfin arrivés, les personnes queers commencent à être reconnues et célébrées pour leurs individualités, et peuvent faire de l’audience à la télévision sans avoir à s’excuser de quoi que ce soit.
L’évènement apparaît comme une façon de rattraper ces dizaines d’années où, à la télévision, les personnes LGBTI+ étaient invisibilisées et stigmatisées, absentes des débats dont elles étaient les sujets et réduites à de simples allusions. L’année dernière encore, dans l’un des primes de la Star Academy, alors que Louis enflamme le plateau en talons sur l’hymne LGBT de Lady Gaga Born This Way, son professeur de danse Yanis Marshall se contente de conclure : « We were born this way, et il faut beaucoup de courage pour s’assumer à la télé ». Pour autant, cette déclaration touchante ne dit pas les mots et reste nébuleuse sur ce qu’elle désigne. Dans le cas de la finale de Drag Race, enfin, plus de mystère, car comme l’a si bien dit Mami Watta à son frère lors de l’enregistrement : « Ici c’est pour les queers hein, pas pour les hétéros ! », avant que la salle n’explose de rire.
L’effervescence d’un public heureux
La réaction du public est à l’image de l’ambiance survoltée qui a régné dans la salle pendant plus de 5h d’enregistrement, en mélangeant fans, artistes drag et célébrités en tous genres. Parmi les visages connus, on a pu apercevoir les queens de Drag Race Belgique, la youtubeuse Natoo, la chanteuse Aloïse Sauvage, l’acteur Félix Maritaux, les comédiennes Béatrice Dalle et Marilou Berry, la dessinatrice Pénélope Bagieu ou encore les anciennes guest judges Virginie Despentes et Barbara Butch. C’est du beau monde donc, qui a goûté à l’effervescence d’un public en délire, privé de téléphones et surexcité à l’idée de soutenir sa finaliste préférée. Si l’on parle beaucoup, et à raison, du problème que représente l’arrivée massive des personnes non-queers dans les espaces queers, qu’en est-il de ce sentiment électrisant lorsque l’on voit des personnes LGBTI+ envahir et conquérir les lieux mainstream ?
Qu’elles aient été éliminées ou finalistes, les candidates de la saison 2 ont toutes reçu des standing ovations assourdissantes d’une foule de fans plus impliqués que jamais. Plus que la simple finale d’une compétition télévisée, cet évènement s’apparentait avant tout à une célébration totale des vies et spécificités queers, une sorte de safe place festive où la joie est le maître mot. Pour autant, des mots de la mère de Piche à ceux du mari de Keiona, en passant par les fameux moments où les finalistes font face à une photo d’elles enfants, l’excitation n’a jamais éclipsé l’émotion.
Le lipsync de Keiona de Sara Forever sur Titanium de David Guetta et Sia, qui est le paroxysme de l’émission, a démontré que les drag queens françaises n’avaient rien à envier aux américaines en matière de performance. L’enregistrement s’est ainsi terminé sur le couronnement des deux reines restantes, l’une après l’autre. De la sorte, le suspens a été maintenu jusqu’au bout. Même la salle n’a pas eu le fin mot de l’histoire. Le pari de faire de la télévision autrement a été amplement relevé pour cette première finale en public, annonciatrice d’une belle suite pour l’émission.
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