Twerk en crop top dans une église : prison avec sursis requise contre dix cyberharceleurs
Des peines de quatre à six mois de prison avec sursis ont été requises mercredi contre dix hommes jugés pour harcèlement en ligne d'un influenceur, à qui ils reprochaient de s'être filmé en train d'exécuter une danse suggestive dans une église parisienne.
La peine la plus lourde a été demandée à l’encontre de trois prévenus pour « cyberharcèlement aggravé », à travers des messages à caractère homophobe.
Le parquet a requis quatre mois avec sursis contre les sept autres prévenus pour cyberharcèlement portant atteinte à la vie de l’influenceur ou conduisant au « doxxing », c’est-à-dire à la mise en ligne en libre accès de données et informations personnelles sans son consentement.
Le ministère public a également demandé pour tous le suivi d’un stage de citoyenneté.
Le tribunal correctionnel de Paris a mis sa décision en délibéré au 13 septembre.
Le 16 février 2022, Benjamin Ledig, alors âgé de 18 ans, avait posté une vidéo sur le réseau social TikTok où on le voyait twerker (danser en ondulant du postérieur) en crop top (haut laissant voir le bas du ventre) devant l’autel de l’église Saint-Paul-Saint-Louis à Paris, en compagnie d’un ami.
A la suite de cette publication – et d’une autre où l’influenceur se servait d’un exemplaire du Coran pour nettoyer sa fenêtre ou caler un meuble –, celui-ci avait reçu plusieurs centaines de milliers de messages d’insultes et de menaces de mort, selon son avocat Alexandre Bigot.
« Blessés » dans leur foi ou « choqués » par une vidéo réalisée dans « un lieu sacré », les prévenus, âgés de 19 ans à 43 ans et se disant catholiques, musulmans ou athée pour l’un d’eux, ont déclaré avoir agi sous le coup de « l’énervement » ou par « effet de groupe ». Lors de l’audience, tous ont présenté leurs excuses à la victime.
« J’ai passé une année compliquée, il y a beaucoup de gens qui m’en veulent », a déclaré l’influenceur à la barre, en sanglots.
La procureure a évoqué, d’un côté, deux publications muées par « une quête de buzz, de sens, de soi » et, de l’autre, « des propos malveillants, violents » contenus dans un « tonneau de haine ».
« Quand on écrit sur internet, on ne se parle pas à soi-même, on écrit à la Terre entière. Il faut assumer dans le réel », a-t-elle souligné.
La défense a plaidé la relaxe ou la réduction des peines, appelant de ses vœux « un jugement pédagogique », non un « procès sur l’homophobie ».
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