Hoshi sur France Inter : « Les premières personnes qui sont venues m'attaquer en privé, c'était des gens qui s'associaient à la Manif pour tous »
Après trois ans de cyberharcèlement, la chanteuse lesbienne Hoshi prend la parole au micro de Léa Salamé sur les réseaux sociaux, la Justice et son état de santé gravement atteint par les faits.
Tout commence aux Victoires de la Musique il y a trois ans, en 2020. Hoshi y interprète sur scène son titre Amour Censure, cri du coeur contre l’homophobie, et termine sa prestation en embrassant l’une de ses danseuses. Dès lors, ce sont des milliers de messages de haines et de menaces qui vont se déverser sur elle. À peine un mois après, elle porte plainte.
Invitée au micro de Léa Salamé ce mercredi 18 janvier sur France Inter, Hoshi s’est de nouveau confiée sur le cyberharcèlement misogyne et lesbophobe dont elle est victime depuis trois ans. Elle explique s’être réveillée le lendemain des Victoires avec « des commentaires et messages privés en boucle », le menaçant de retrouver son adresse et d’intenter meurtres et viols sur sa personne et ses proches. Au total, Hoshi a comptabilisé 5 000 menaces de mort.
« J’ai dû complètement revoir ma manière de vivre. Ça fait trois ans que je ne suis pas sortie toute seule. »
Des messages d’une violence sans nom donc, qui ont un impact direct sur sa vie quotidienne : « J’ai dû déménager, ils étaient pas loin de trouver mon adresse. J’ai dû complètement revoir ma manière de vivre. Ça fait trois ans que je ne suis pas sortie toute seule. Sur 5 000 messages je me dis qu’il y en a peut-être un qui pourrait passer à l’acte ». Ce climat anxiogène a irrémédiablement eu raison de la santé physique et mentale de la chanteuse, qui déclare avoir perdu 10 kilos. Déjà sujette depuis des années à la Maladie de Ménière, une maladie chronique de l’oreille interne se manifestant par des vertiges, des nausées et des acouphènes, Hoshi assure que tout cela a été « amplifié » depuis les menaces : « Le fait d’être stressée ça empire tout ça, ça déclenche des crises. Je ne dors plus la nuit, ça fait trois ans que j’ai pas dormi avant six heure du matin. »
De sa plainte de 2020, qui prenait en compte des centaines et des centaines de messages venant d’autant de personnes, il n’est rien ressorti de vraiment satisfaisant : une seule personne retrouvée et bientôt au tribunal, le reste s’en est tiré dans l’anonymat le plus total. « Sur toute l’enquête et les 5 000 menaces, ils n’en ont retrouvé qu’un seul. C’est pas possible, c’est pas un litige, c’est des raids massifs. Ils arrivent à des milliers sur moi et il n’y a qu’une seule personne, ça leur donne raison presque », explique t-elle, dégoutée d’une justice en qui elle a perdu toute foi.
Affectée et en colère
En effet, malgré la loi de l’ex-ministre Marlène Schiappa en 2018, qui faisait encourir aux cyberharceleurs jusqu’à trois ans de prison et 30 000€ d’amende, rien ne semble vraiment changer. « La peine maximale n’est jamais appliquée, ce n’est jamais le cas » déclare la chanteuse qui déplore cette frilosité à punir les bourreaux, au moins pour « démotiver » les suivants.
Questionnée sur le statut de ces injures, Hoshi estime « qu’à la base c’est de l’homophobie » : « Les premières personnes qui sont venues m’attaquer en privé c’était des gens qui s’associaient à la Manif pour Tous. Après ça a été repris sur des forum, le 18-25 de Jeuxvideo.com, où les gens passent leur temps à balancer de la haine ».
Invité sur le plateau de Clique quelques jours plus tôt, la chanteuse dénonçait déjà la Manif pour Tous et ses liens étroits avec l’extrême droite : « Après la Manif pour Tous, ça a été repris par des groupements d’extrême droite. Il faut le dire au bout d’un moment, c’est aussi un peu politique ». Au sujet du suicide de Lucas, Hoshi se montre à la fois affectée et en colère : « J’ai pleuré, j’étais vraiment dévastée. Ils arrivent déjà pas à agir pour moi qui suis médiatisée, du coup on laisse mourir ces gosses-là. »
Des déclarations fortes qui ont le mérite de remettre les pendules à l’heure dans ce débat où les homophobes d’hier (Valérie Pécresse, Eric Ciotti…) récupèrent ces drames à des fins politiques hypocrites et douteuses. Comme l’a dit la sénatrice Mélanie Vogel hier au Sénat au sujet du suicide de Lucas : « Commencez par le commencement et faites votre examen de conscience ! »
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