Mort du pape Benoît XVI, avatar de l'homophobie religieuse
Le pape émérite est mort à l'âge de 95 ans. Son pontificat a été marqué par son combat contre l'avortement et l'homosexualité. Retour sur ses déclarations les plus virulentes.
L’année 2023 se fera donc sans lui : le pape Benoît XVI est mort ce vendredi 31 décembre, à l’âge de 95 ans. Il a officié à la tête du Vatican pendant près de 8 ans avant de marquer l’Histoire en devenant le premier pape de l’Église moderne à présenter sa démission. Une décision qu’il justifie dans un livre de confessions sorti en 2016 par « ses forces déclinantes et non à la pression de scandales ». Car des scandales, il y en a eu : le Pape Benoît XVI clamait haut et fort son homophobie et son puritanisme religieux. Dès son élection, il n’a eu de cesse de combattre les droits LGBTQI+ à coup de déclarations toutes plus réactionnaires les unes que les autres.
Élu le 19 avril 2005, Benoît XVI n’attendra pas bien longtemps avant de faire entendre ses positions homophobes. Dès le 4 novembre 2005, le pape signe un document qui empêche « ceux qui pratiquent l’homosexualité, présentent des tendances homosexuelles profondément enracinées ou soutiennent ce qu’on appelle la culture gay » d’assister à des séminaires. Par cette phrase, le pape exige formellement de l’Église qu’elle n’ordonne aucun prêtre présentant des signes d’homosexualité, et précise par la même occasion respecter « profondément les personnes concernées », « par contre, au cas où il s’agirait de tendances homosexuelles qui seraient seulement l’expression d’un problème transitoire, comme, par exemple, celui d’une adolescence pas encore achevée, elles doivent de toute façon être clairement dépassées au moins trois ans avant l’ordination diaconale ». Dès lors, le ton est donné.
Quelques années plus tard, en 2010, alors que le monde est rythmé par le débat sur le mariage pour tous, le Pape Benoît XVI va faire de cette question une affaire presque personnelle, et il ne manquera pas une occasion pour exprimer son désaccord profond quant à l’union de personnes de même sexe. Lors d’une courte visite au Portugal, à Fatima, le pape tente, en vain, d’influencer l’opinion publique ainsi que celle du gouvernement portugais qui, à l’époque, prévoit de signer la loi autorisant le mariage pour tous. Dans son discours, Benoît XVI qualifie l’avortement et le mariage homosexuel comme faisant partis des « défis les plus insidieux et les plus dangereux » de notre époque, « qui portent atteinte au fondement biologique de la différence entre les sexes ». Le 9 janvier 2012, il va même jusqu’à critiquer « les politiques qui portent atteinte à la famille » et « menacent la dignité humaine et l’avenir même de l’humanité ». En 2009, le pape faisait déjà polémique avec des déclarations controversée sur l’usage des préservatifs, qui, selon lui, ne protégeaient pas du sida et qu’ « au contraire, il aggrave le problème ».
En 2020, dans une biographie allemande, Benoît XVI assimile cette fois les avancées de l’avortement et du mariage pour tous à celle de l’Antéchrist avant de se lancer dans le discours victimaire classique, accusant ses opposants de vouloir faire « taire sa voix ». « Il y a cent ans, on aurait jugé encore absurde de parler de mariage homosexuel, aujourd’hui, on est excommunié quand on s’y oppose. C’est la même chose pour l’avortement ou la création des humains en laboratoire. […] La société moderne est en train de formuler un credo antéchristique qui vaut d’être excommunié de la société lorsqu’on s’y oppose ». Plus qu’un pape, c’est le représentant public d’une homophobie religieuse qui s’en va, celle qui combat ardemment un groupe déjà marginalisé à coups de stigmates dangereux sur fond de désinformation décomplexée.
Malgré tout cela, les hommages pleuvent suite à l’annonce de la mort de Benoît XVI. Emmanuel Macron se rappelle de lui comme d’un homme « qui oeuvra avec âme et intelligence pour un monde plus fraternel », quand Vladimir Poutine se remémore « un défenseur convaincu des valeurs traditionnelles chrétiennes ». Le pape François, lui, salue une « personne si noble, si gentille ». Au micro de l’AFP, le père Olivier Artus, recteur de l’Université catholique de Lyon, parle du défunt pontife comme d’un intellectuel « qui a permis une mise à jour de la pensée et du message chrétien dans le monde contemporain ». Rien que ça.
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hypothemuse
Je ne peux m’empêcher de notifier une ressemblance frappante avec l’empereur Palpatine de Star Wars. Que l’on me pardonne cette remarque facile mais trop jouissive pour m’en priver.