Trois associations françaises portent plainte contre un collectif sénégalais pour appel à la haine et injures homophobes
Trois associations LGBT françaises viennent de déposer une plainte contre l'organisation sénégalaise islamique Jamra, pour injures homophobes.
Dans un communiqué de presse rendu public ce vendredi 16 décembre, Stop Homophobie, Mousse et ADHEOS annoncent avoir déposé plainte contre l’organisation sénégalaise islamique Jamra, pour injures et appels à la haine homophobes.
La cause ? La publication de plusieurs posts jugés homophobes sur la page Facebook Jamra ONG Islamique, qui compte 60 000 abonnés. Sur cette page, l’homosexualité est décrite comme “une abomination à criminaliser, bannie par toutes les religions” : “ Les adeptes de ces actes contre-nature ne semblent plus se fixer de frontière, ni s’encombrer de retenues pour donner libre cours à leurs déviances. ”
En plus des posts LGBT-phobes, misogynie, appel au rétablissement de la peine de mort et puritanisme sexuel (“encouragement au vagabondage sexuel” quand Emmanuel Macron rend gratuit les préservatifs pour les moins de 25 ans) sont aussi au rendez-vous.
Selon le communiqué, sur les 60 000 abonnés du compte, 1000 seraient situés en France. “Les publications homophobes de Jamra sont généralement rédigées en français. Il existe ainsi un lien de rattachement suffisant avec la France pour fonder la compétence des tribunaux français”, précise également le communiqué.
Étienne Deshoulières, avocat des trois associations, déclare : « Au Sénégal, l’homosexualité est puni de cinq ans d’emprisonnement. Mais, en France, ce sont les injures et incitations à la haine homophobes qui sont punis par la loi. Or la loi française est applicable aux propos homophobes tenus par Jamra sur sa page Facebook. Nous demandons donc la condamnation pénale de Jamra et la fermeture de la page Facebook. »
En juin 2021, l’association Jamra dévoilait déjà les noms de trois organisations (Aides-Sénégal, Prudence et Espoir Hope) qui, selon elle, œuvraient en faveur de l’homosexualité, en précisant “soustraire volontairement certains détails”, comme les informations privées des membres, afin d’éviter toute accusation “d’incitation au meurtre”.
Un combat loin d’être gagné
En 2021, l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) publiait sa liste des pays dit “sûrs” qui comptait, entre autres, le Sénégal et le Ghana. Un choix étrange, qui n’a pas tardé à faire réagir les associations et organisations militantes, qui tenaient à rappeler que les lois en vigueur dans ces pays pénalisant les relations homosexuelles suffisent à les déclarer comme “non-sûrs” pour une partie de la population.
Dès le 2 juillet, le Conseil d’État prend la décision d’exclure ces deux pays de la liste. Au Sénégal, l’homosexualité, décrite comme un attentat aux mœurs, est encore punie de un à cinq ans de prison.
La même année, toujours à l’initiative de l’ONG Jamra, 11 députés ont tentés de rendre la peine encore plus importante, la faisant passer de un à cinq ans de prison à cinq à dix ans. Une proposition rejetée et jugée trop sévère par le Parlement. À l’époque, Mama Mactar Gueye, vice-président et porte-parole de l’ONG, avait qualifié de “problème”, qui “envahit l’espace public”. Selon lui, la loi aurait permis de protéger la société, mis aussi les homosexuels d’un “jugement populaire”.
Lors du interview pour Komitid en février dernier, Souleymane, du collectif LGBT+ Free Sénégal, accusait le président sénégalais d’avoir “déchainé cette homophobie populaire” à cause de son ambiguïté sur le sujet. “La population ne sait pas s’il est pour ou contre. Il dit juste que le Sénégal n’est pas prêt. Il a déclaré que les homos sont libres au Sénégal et qu’ils n’auront pas de problème avec le gouvernement. Ce que certains dans la population ont entendu comme : c’est à nous de prendre nos responsabilités.”, ajoutait-il.
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