Alain Soral à nouveau devant la justice suisse pour des propos homophobes
L'essayiste franco-suisse d'extrême droite Alain Soral comparaît mercredi 14 décembre devant le tribunal de police de Lausanne, en Suisse, accusé d'avoir tenu des propos homophobes à l'encontre d'une journaliste.
De son vrai nom Alain Bonnet, M. Soral, qui réside à Lausanne depuis octobre 2019, avait été condamné en avril dernier à trois mois de prison ferme par le procureur général du canton de Vaud Eric Cottier pour “diffamation, discrimination et incitation à la haine” après la diffusion d’une vidéo où il attaquait la journaliste Cathy Macherel, du quotidien la Tribune de Genève.
Ayant fait opposition à cette décision du procureur (lesquels, en Suisse, ont le pouvoir de condamner à des peines allant jusqu’à six mois de prison), l’essayiste doit donc passer devant un juge. Le procès se tient à partir de 9 heures.
En avril, le procureur général avait estimé que “les propos tenus par le prévenu” à l’encontre de Mme Macherel “sont profondément homophobes et incitent à la discrimination en raison de l’orientation sexuelle de la plaignante et, plus généralement, des personnes homosexuelles”.
Ces propos, avait-il souligné dans son ordonnance pénale du 4 avril, “sont propres à attiser ou exciter le public du prévenu, comme le démontrent les commentaires laissés sous la vidéo”.
La journaliste, qui n’a pas souhaité s’exprimer avant l’ouverture du procès, avait déposé plainte après la diffusion de la vidéo dans laquelle l’essayiste l’insultait. M. Soral, 64 ans, réagissait à un article le concernant écrit en août 2021 par Mme Macherel.
Dans cette vidéo diffusée sur un site en ligne, M. Soral avait traité la journaliste de “grosse lesbienne militante pour les migrants” et de “queer”, un terme qu’il veut synonyme de “désaxé”. Sous la vidéo figurait une photo portrait de Mme Macherel.
“M. Soral a souvent vanté la “tranquillité suisse”. Il apprend aujourd’hui qu’il y a des lois, dans notre pays, qui permettent de punir de tels agissements”, avait-elle confié à la Tribune de Genève, après la condamnation de M. Soral en avril.
“Liberté d’expression”
La pénalisation de l’homophobie est récente en Suisse et a été entérinée début 2020 par un vote populaire. Cette nouvelle disposition, entrée en vigueur le 1er juillet 2020, élargit une législation déjà existante en matière de lutte contre les discriminations et appels à la haine raciale ou religieuse, en l’étendant à l’orientation sexuelle.
La défense plaidera pour sa part “l’acquittement”, a indiqué à l’AFP l’avocat de M. Soral, Me Pascal Junod.
“Plus nous parlons de liberté d’expression, plus nous multiplions les procès d’opinion et les législations liberticides”, a-t-il fait remarquer.
La date de l’énoncé du jugement est elle incertaine. Il est impossible de préciser si le verdict sera rendu ou non dès la fin du procès, “ceci dépendant en effet du déroulement de ce dernier”, a indiqué à l’AFP le secrétariat général de l’ordre judiciaire vaudois.
M. Soral – qui a aussi été condamné dans cette affaire à payer 1 500 francs suisses (soit environ la même somme en euros) d’amende et 1 950 francs suisses de frais de procédure – a déjà été condamné à une vingtaine de reprises en France, en grande partie pour des infractions de provocation à la haine, diffamation et injure publique.
Il a été condamné récemment, le 7 septembre, par la justice française à payer 15 000 euros en dommages et intérêts et frais de justice à des associations antiracistes, pour avoir diffusé un clip de rap jugé antisémite.
Plus récemment, en février de cette année, M. Soral a été débouté par la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) qu’il avait saisie après sa condamnation pour la publication en 2016 sur son site internet d’un dessin négationniste.
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