Mondial 2022 : rien ne va dans cette Coupe du monde

Tous les stades de foot se ressemblent. En êtes-vous si sûr·e ? Ceux qui vont accueillir le Mondial 2022 ne vont pas résonner uniquement des cris des supporters, des passes des joueurs et des sifflets des arbitres. Rien ne va dans cette coupe du monde et la « beauté du sport » ne peut pas faire oublier tout le reste. 

Comment regarder un match en oubliant que des milliers de travailleurs sont morts sur les chantiers. Ils ont sous des températures infernales, vécus dans des taudis insalubres à deux pas des luxueux buildings du royaume gavé aux megaprofits du gaz, comme cela a été montré notamment dans « Complément d’enquête sur France 2 ». 

Comment regarder cette compétition sans s’insurger contre un bilan carbone qui s’annonce déplorable, lié à la construction de tous les stades, au déplacement des supporters dans les pays limitrophes pour dormir (il n’y a pas suffisamment d’hébergements disponibles dans ce micro Etat), à la climatisation des équipements sportifs. 

Comment regarder un match sans penser qu’au Qatar, les femmes sont selon de nombreux rapports d’ONG de défense des droits humains discriminées dans les domaines du mariage, du divorce, de la garde des enfants et de l’héritage. Amnesty international, dans son rapport de 2021, rapporte également des discriminations, notamment le fait qu’elles restent soumises à un tuteur masculin.

Comment regarder un match sans se soucier des conditions d’obtention de cette coupe du monde et du rôle supposé de l’ancien président français Nicolas Sarkozy dans les négos finales. Je vous recommande à ce sujet le documentaire de Netflix « FIFA Uncovered » (« FIFA : Ballon rond et corruption » en VF). C’est édifiant.

Comment prendre du plaisir devant des buts alors que le Qatar criminalise les relations homosexuelles, punies de sept ans de prison. Dans un rapport publié lundi 24 octobre, l’ONG Human Rights Watch assure que la police qatarie a détenu arbitrairement et maltraité des membres de la communauté LGBTQ.

Lire aussi :  Le Qatar accusé par Human Rights Watch de détention arbitraire de personnes LGBT

Rien ne va dans cette Coupe du monde. Elle succède à celle organisée dans la Russie de Vladimir Poutine qui a su l’utiliser à fin de propagande. Cette année, la loi « contre la propagande LGBT » va être renforcée et le pays a lancé la guerre contre l’Ukraine. 

Rien ne va dans cette Coupe du monde. Jusqu’à la mise au point de l’équipe de France. Est-ce que les instances du foot françaises pensent réellement que c’est en donnant de l’argent à quelques ONG (sans qu’on sache lesquelles) qu’elle peut justifier sa participation à cette Coupe du monde ? 

Les personnes LGBTI+ ont souvent été discriminées dans le sport et le sont encore. Pourtant de nombreuses associations sportives LGBT existent aujourd’hui pour faire vivre dans l’inclusivité les bienfaits et les beautés – indéniables – du sport.

Ce qui est en cause ici, c’est bien cette politisation à outrance du sport. N’en déplaise à Emmanuel Macron qui déclare qu’il ne « faut pas politiser le sport ». C’est bien ce qu’il s’est passé depuis l’attribution de cette coupe du monde, qui va coûter la somme faramineuse de 220 milliards de dollars (à peu près autant en euros) ! Oui vous avez bien lu. 

« Du foot malgré tout ! » titrait ce matin un bandeau sur la chaîne France Info. On peut craindre en effet que dès dimanche, les médias vont se consacrer à traiter des exploits des équipes. Oubliant pendant quatre semaines tout ce qui ne va pas dans cette Coupe du monde définitivement inregardable.