Pluie de critiques sur « Uniques en son genre », la soirée de M6 sur les parcours trans
Des associations et des personnalités LGBTI+ critiquent l'émission que Karine Le Marchand consacre au vécu de trois personnes trans de plusieurs générations, ce soir sur M6.
Dans cette émission consacrée à la transidentité, que nous avons pu voir sur Salto, Karine Lemarchand joue une nouvelle fois à la Mère Bienveillance du PAF, armée de bonnes intentions… et de pas grand chose d’autre. Parce que parler d’un sujet aussi sensible sur une chaîne nationale à une heure de grande écoute nécessite une réelle connaissance du sujet, de ses enjeux et de ses acteurs, choses dont la production ne semble pas vraiment vouloir s’embêter. C’est en tout cas l’opinion de nombreuses associations et personnalités qui ont réagi avant la diffusion de « Trans – Uniques en leur genre » sur M6.
Plusieurs personnalités et collectifs militants ont ainsi tenus à exprimer leur mécontentement quant au contenu du documentaire. La Briochée tout d’abord, qui nous a fait rêver tout l’été avec ses looks sucrés et colorés dans DragRace France, s’est fendu de quelques tweets où elle déplore les nombreuses maladresses de l’émission : “Voir un extrait du documentaire sur la transidentité de Karine Lemarchand, mégenrage de la personne trans dès les premières secondes (…) De la stigmatisation comme on en fait depuis plus de 30 ans. En fait, vous en avez décidément rien à foutre de la parole des concerné·e·s.”
Des déclarations qui succèdent à des craintes de longue date, puisque quelques jours auparavant, à l’annonce du programme, la drag queen se montrait d’ores et déjà lassée et énervée par la promesse du-dit documentaire.
Si la polémique grandit sur les réseaux sociaux, c’est parce que les critiques viennent aussi d’associations trans. L’association de santé communautaire ACCEPTESS-T, sollicitée dans le reportage, exprime sur son compte Twitter son regret d’avoir fait confiance à la chaîne : “Nous avons espéré qu’en 2022 une approche des sujets trans pourrait ne pas être sensationnaliste, ne pas être voyeuriste, qu’on puisse parler de transphobie et s’adresser au grand public. La vie des personnes trans est de nouveau abandonnée pour l’audimat.”.
Car c’est bien ce qui est le plus souvent reproché à l’émission : sacrifier une partie du sujet pour plaire et coller aux attentes du grand public, “pour rassurer les cis les réconfortant sur le fait qu’il y a des vies plus dures et pire que la leur”, dixit La Briochée.
Comme si ce n’était pas assez, c’est un autre compte Twitter qui y est allé de son commentaire. Se présentant comme stagiaire pour la société de production, un certain M. Augustin a avoué être “désolé” d’avoir “travaillé sur ce doc”, dans lequel il voyait déjà un “naufrage des idées bienveillantes au profit du spectacle”.
Le documentaire sera suivi d’un débat nommé “Enfant Trans : que faire ?”. Un titre qui représente, selon l’Association des journalistes LBGTQI+ (AJL), “une nouvelle agitation de la panique morale entourant les enfants trans”, avant de critiquer la forme pour/contre du débat, qui “laisse la voie libre aux opposant·e·s aux droits humains”.
Dans une interview au Figaro, Karine Lemarchand, productrice de l’émission s’est défendue : « Cela me semblait d’ailleurs évident de faire un débat après la diffusion, notamment pour savoir comment réagir lorsque votre enfant manifeste son envie de changer de genre. Et puis, comment être sûr que c’est bien une transidentité et non pas un problème d’identité générale ? On l’évoque beaucoup ».
Plus que l’existence même de ce débat, ce sont ses invités qui créent l’incompréhension. C’est le collectif Fransgenre qui, dans une suite de tweets et dans un long communiqué co-signé par une vingtaine d’associations militantes, a fait part de ses critiques pour les personnes présentes sur le plateau : “une jeune personne transgenre et un psychiatre face à une militante transphobe aguerrie et une mère abusive envers son enfant trans”.
Le documentaire vaut-il la peine d’être regardé ? Il reste assez bienvenue de voir des personnes trans être reconnues et entendues, mais on ne peut s’empêcher de penser que les trois parcours de vie d’Aëla, de Emma et de Zach, qui ont accepté de témoigner, méritaient sans doute mieux.
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