Chantal Akerman, Philip Venables, Jeanne Balibar… six pépites à ne pas manquer au Festival d'Automne à Paris
C'est le retour de l'automne et donc du Festival d'Automne, à Paris et en Ile-de-France. Parmi les dizaines de propositions, Komitid a déniché quelques pépites à ne pas manquer.
« La Fugitive », exposition collective
La Fugitive est le titre que l’écrivain Marcel Proust donne originellement au VIe tome de À la recherche du temps perdu. L’exposition propose de donner corps au personnage fictif d’Albertine à travers des œuvres emblématiques et inédites d’artistes modernes et contemporain·es.
Les pratiques artistiques présentées dans La Fugitive questionnent une culture visuelle héritière du male gaze. Elles participent à la mise en lumière de l’histoire des personnes queer et proposent ainsi une lecture polysémique des choses et du monde.
Parmi les artistes présenté·es : Chantal Akerman, Mélissa Boucher, Marc Camille Chaimowicz, Jean de Sagazan, Marcel Devillers, Tirdad Hashemi et Soufia Erfanian, Marie Laurencin, Zoe Williams…
Au Crédac, jusqu’au 18 décembre
Jeanne Balibar, « Les Historiennes »
L’actrice met en scène et interprète des textes de Charlotte de Castelnau-L’Estoile, Anne-Emmanuelle Demartini, Emmanuelle Loyer
Trois femmes ressurgissent du passé grâce à trois historiennes contemporaines qui les ressuscitent en trois récits, dont s’empare l’actrice Jeanne Balibar pour en proposer une lecture jouée. Quatre femmes d’aujourd’hui posent un regard particulièrement éloquent et incisif sur trois destinées féminines emblématiques. Celles de l’esclave portugaise Pascoa traînée en l’an 1700 devant le tribunal de l’Inquisition pour bigamie, de la meurtrière parricide Violette Nozière, victime d’inceste mais condamnée à mort en 1934 avant d’être graciée puis réhabilitée en 1963, de l’incomparable actrice Delphine Seyrig, égérie de Marguerite Duras, militante engagée dans le combat féministe des années 1970.
Pedro Penim, « Père et fils »
Le Théâtre de la Ville propose, dans le cadre de la saison France-Portugal, la création de Pedro Penim, Père et fils. Pedro Penim est metteur en scène, dramaturge, membre fondateur du Teatro Praga et aujourd’hui directeur du Théâtre national de Lisbonne. Pour cette création, il prend appui sur sa propre expérience : d’un côté, plusieurs tentatives de gestation pour autrui au Canada avec son compagnon ; de l’autre son incapacité à comprendre les codes adoptés par les adolescent·es sur les réseaux sociaux. Se sentant tout à coup d’un « autre temps », tout en désirant être père, il décide de revisiter le roman Pères et fils de Tourgueniev à la lumière des questionnements sur la parenté et le genre.
Au Théâtre de la Ville, du 28 septembre au 1er octobre
Steven Cohen, « Boudoir »
Si les performances de l’artiste gay Sud-africain ont consisté jusque-là à s’exposer sur scène comme dans des espaces publics, cette fois Steven Cohen accueille dans un espace intime et réservé : un boudoir, chapelle ou refuge destiné à recueillir ses souvenirs autant qu’à faire se projeter les tortueuses mémoires du siècle.
Au Centre Pompidou, du 24 au 26 novembre
« Embodying Pasolini », Olivier Saillard et Tilda Swinton
Embodying Pasolini est une performance originale créée par Olivier Saillard et Tilda Swinton qui réunit pour la première fois une sélection significatives des costumes conçus par Danilo Donati, réalisés par les Ateliers Farani pour le réalisateur italien Pier Paolo Pasolini. Près d’une trentaine de costumes, robes, manteaux et chapeaux, œuvres fragiles de fils tissés et teints restituent la filmographie de Pasolini. De l’Évangile selon Saint Matthieu, à Œdipe Roi, des Mille et une nuits jusqu’à Salò ou les 120 jours de Sodome, les vêtements et costumes, tous archivés à Rome restituent une collaboration longue et fertile qui unit les deux hommes, Pasolini et Donati. L’actrice Tilda Swinton endosse ces costumes mis en scène et en mouvements par l’historien de la mode Olivier Saillard.
A la Fondazione Sozzani du 3 au 10 décembre
« Answer Machine Tape, 1987 », Philip Venables
Depuis quelques années, avec le metteur en scène Ted Huffman, Philip Venables, qui se présente comme “compositeur et artiste collaboratif”, poursuit ses recherches et ses créations sur les artistes queers des années 70 et 80. Answer Machine Tape, 1987 fait référence à l’artiste gay David Wojnarowicz et à la période de turbulences précédant la mort des suites du sida, en 1987, de son ami et amant, l’artiste Peter Hujar (dont l’œuvre a été présentée dans une expo magnifique au Jeu de Paume en 2019). Les enregistrements du répondeur, sauvegardés par Wojnarowicz dans les jours qui ont suivi le décès de son amant, forment le cœur de l’œuvre. On y entend les messages de Hujar, ceux d’autres artistes, d’amis, d’amants. Ce sont des instantanés, archive remarquable témoignant à la fois de la vie queer new yorkaise et de la vie d’un artiste face au sida.
Au Théâtre de la Ville le 4 décembre
Vous en voulez plus ? Tout le programme du Festival d’automne est à retrouver ici.
- Quatre romans LGBT+ à lire cet automne
- Cinéma : « Trois kilomètres jusqu'à la fin du monde » ou l'homophobie en Roumanie
- Almodovar, le réalisateur qui a donné des couleurs au cinéma espagnol
- James Bond peut attendre : Daniel Craig se déconstruit dans « Queer »
- Grand acteur et grand réactionnaire, Alain Delon s'est éteint