Brittney Griner, basketteuse hors normes
La star américaine du basket Brittney Griner, ouvertement lesbienne, a été condamnée le 4 août à neuf ans de prison par un tribunal russe pour trafic de drogue. Voici le portrait de l'une des joueuses les plus dominantes au monde en plus d'être une figure en-dehors des parquets.
Lors d’un match, on ne voit bien souvent qu’elle. Culminant à 2,06 m et chaussant du 54, Brittney Griner s’impose depuis ses débuts professionnels dans les raquettes adverses et en défense.
“Mis à part s’accrocher aux branches, il n’y pas grand-chose à faire”, soupirait à son propos Céline Dumerc, meneuse de l’équipe de France lors de la Coupe du monde 2014.
“Elle est unique et est capable d’influer sur le jeu comme personne, renchérissait l’entraîneur des États-Unis pendant la compétition, Geno Auriemma. Pour la contrer, vous avez besoin non pas d’une mais de deux joueuses. C’est un vrai confort de l’avoir dans notre l’équipe.”
De sa taille, Griner a réussi à tirer une arme rare dans le basket féminin : le dunk*. C’est d’ailleurs par ce geste que l’intérieure s’est d’abord fait connaître, en 2007, quand une vidéo d’elle enchaînant les dunks en match et à l’entraînement est devenue virale.
A une main, deux mains, en s’accrochant à l’arceau… A 17 ans, Griner montre déjà une belle panoplie, sous les applaudissements de ses coéquipières.
“Futur du basket”
“Nous nous disions simplement « C’est le futur du basket »“, raconte au magazine Time Diana Taurasi, sa future coéquipière au Mercury de Phoenix, franchise de la WNBA, le Championnat nord-américain professionnel de basket féminin.
Elle est une pionnière du dunk, puisqu’elle fut la première joueuse de l’histoire du Championnat du monde à en réaliser un en 2014, face à la Chine en phase de groupes.
“C’était une super sensation. J’étais extrêmement heureuse. Après, j’ai demandé à mes amis, ma famille : l’avez-vous vu ?”, livrait-elle après sa performance.
Arrivée avec l’étiquette de phénomène physique dans la ligue américaine, Griner est sélectionnée en première position de la draft 2013, et révèle au public qu’elle possède de plus grandes mains que LeBron James, star masculine de la discipline.
Dès sa deuxième année, Griner remporte le titre avec la franchise de l’Arizona, apportant déjà une contribution offensive et défensive remarquable.
Figure de la communauté LGBT+
Mais sa vie dépasse largement la balle orange. Dès 2013, elle révèle son homosexualité lors d’un entretien accordé au magazine Sports Illustrated. Elle y explique que durant son enfance, elle a été harcelée : “C’est dur. Être harcelée parce qu’on est différent. Le fait d’être plus grande, ma sexualité, tout…”
Un an plus tard, elle publie son autobiographie, “In my skin”, dans laquelle elle détaille les harcèlements qu’elle a subis dans sa vie.
“Je suppose que j’ai commencé à me sentir différente quand tout le monde a commencé à me dire que je l’étais”, écrit-elle. Au collège, “j’étais plate et mince, ma voix était basse”. Les enfants se moquaient d’elle dans les couloirs : “Elle doit être un garçon. Elle n’est pas vraiment une fille.”
“Tu peux faire ta valise et dégager d’ici !”, lui a crié son père quand elle lui a fait part de son orientation sexuelle.
Figure de la communauté LGBT+, la native de Houston, qui a grandi avec deux soeurs et un frère, devient la première égérie gay de Nike, prenant part à des séances photos où elle porte des vêtements pour homme.
En 2020, dans le sillage de l’affaire George Floyd et du meurtre de Breonna Taylor et des manifestations dans tout le pays contre les violences policières faites aux Noirs, Griner est une des premières basketteuses à demander à la WNBA de ne plus faire jouer l’hymne national des États-Unis avant les matches. “Je pense honnêtement que nous ne devrions pas jouer l’hymne national pendant notre saison.”
Parallèlement à sa carrière au Mercury de Phoenix, Griner joue parfois à l’intersaison pour des clubs chinois ou européens, comme il est coutume pour certaines joueuses de le faire, notamment pour des salaires plus élevés.
Elle remporte ainsi quatre Euroligues, et devient populaire en Russie, où elle joue pour le club d’Ekaterinburg. “Elle est actuellement la joueuse la plus populaire en Russie”, explique sa coéquipière Evgenia Belyakova au magazine Time.
Sa notoriété ne l’empêche toutefois pas d’accumuler les titres : double championne olympique en 2016 et 2020, elle glane aussi deux championnats du monde en 2014 et 2018.
* NDLR : dunk = action de jeu qui consiste à marquer en projetant le ballon dans l’arceau, à une ou deux mains
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