La question des financements au cœur de la 22ème Conférence internationale sur le sida
Alors que s'ouvre aujourd'hui la Conférence internationale sur le sida en présence de 15 000 participant.e.s venu.e.s du monde entier, l'inquiétude autour des fonds pour la lutte contre le VIH est bien présente.
Dès aujourd’hui et jusqu’au 27 juillet, Amsterdam accueille la 22ème Conférence internationale sur le sida avec pour thème phare « Breaking Barriers, Building Bridges ». Briser les frontières et construire des ponts, une manière de signifier l’importance de se pencher sur la situation des régions du monde où l’épidémie ne faiblit pas. Car si le nombre global de nouvelles infections est stable, il est toutefois en augmentation en Europe de l’Est, en Asie centrale, ainsi qu’en Afrique de l’Ouest et centrale. Selon l’Onusida, 36,9 millions de personnes vivent aujourd’hui avec le VIH dans le monde.
Des objectifs à court terme
« 90-90-90 », tel est l’objectif mondial à atteindre d’ici 2020, soit dans deux ans à peine : 90 % des personnes vivant avec le VIH connaissant leur statut sérologique, 90 % des personnes dépistées sous traitement antirétroviral et 90 % des personnes dépistées et sous traitement porteuses d’une charge virale indétectable. Un objectif qui nécessite des financements à la hauteur de l’enjeu… mais ces derniers ne semblent pas au rendez-vous. Au micro de RFI, le président de l’organisation AIDES Aurélien Beaucamp déplorait le manque de « leadership politique » : « On a l’impression d’être dans une certaine complaisance, comme si les gens se disaient qu’on avait tellement donné d’argent, et qu’il faut arrêter maintenant. L’épidémie, en attendant, elle continue. » La conférence qui s’ouvre aujourd’hui à Amsterdam sera l’occasion de se mobiliser pour que le financement international de la lutte contre le VIH soit maintenu. Selon les dernières estimations d’Onusida, 75 % des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut. Parmi elles, 79 % ont accès à un traitement. Enfin, 81 % des personnes sous traitement ont constaté une charge virale indétectable, ce qui signifie qu’elles ne peuvent plus transmettre le virus.
Selon Michel Kazatchkine, ancien chef du Fonds mondial contre le sida, la tuberculose et le paludisme, nous assistons aujourd’hui à une « diminution réelle des financements internationaux ». Il y a un an, Donald Trump annonçait sa volonté de réduire la contribution des États-Unis au Fonds mondial contre le sida. Une coupe loin d’être anodine puisque les États-Unis étaient jusqu’ici le contributeur le plus important. Du côté de la France, les associations de lutte contre le VIH exhortent Emmanuel Macron à prendre une place plus active. En mai dernier, le président de la République a annoncé que la conférence du Fonds mondial de lutte contre le sida de 2019 se tiendrait à Paris, montrant ainsi que l’engagement de la France est maintenu.
Ne pas relâcher l’effort
« Le sida n’est pas fini mais il peut l’être », estimait Michel Sidibé dans le dernier rapport d’Onusida présenté la semaine dernière. Et un soutien financier international est indispensable à ce projet : « Nous ne pouvons pas nous permettre de réduire l’aide internationale à la riposte au sida. Une réduction de 20 % des financements internationaux serait catastrophique pour les 44 pays qui comptent sur l’aide internationale pour au moins 75 % de leurs ripostes nationales au VIH. »
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