Bernard Bousset : « Dans le Marais, l’âme de quartier populaire a disparu, des boutiques de marques se sont installées à la place de commerces de proximité »
Bernard Bousset est une des figures du monde commercial LGBT car il a ouvert plusieurs établissements dans le Marais. Engagé sur la prévention du VIH, et alors qu'il vient d'annoncer la vente de l'OPEN café, l'ancien président du Syndicat des entreprises gaies (Sneg) répond aux questions de Komitid.
Situé à l’angle des rues des Archives et Sainte-Croix de la Bretonnerie (dans le IVe arrondissement), l’OPEN Café a marqué de la transformation du quartier en épicentre de la vie gay. A l’inverse, sa fermeture, après celles de nombreux lieux LGBT (dont Les Mots à la bouche) acte la gentrification du Marais, où domine désormais les boutiques de luxe et les locations type Airbnb. Bernard Bousset est une des figures du monde commercial LGBT car il a été un des premiers à ouvrir des établissements dans le Marais dès les années 90. Engagé sur la prévention du VIH, et alors qu’il vient d’annoncer la vente de l’OPEN Café, l’ancien président du Syndicat des entreprises gaies (Sneg) répond aux questions de Komitid.
Komitid : Comment était le quartier du Marais quand vous avez ouvert l’OPEN Café ?
Bernard Bousset : Quand j’ai ouvert l’OPEN Café en 1995, c’était le premier gay avec terrasse sur la rue. J’avais déjà le Quetzal bar depuis 1994. En 1995, le quartier était très calme, pas très fréquenté, beaucoup de boutiques étaient fermées ou en vente. Les Marronniers c’était un bar PMU en faillite, la boutique The Kooples était un dépôt de cartons, etc… C’était un quartier populaire, l’immobilier était abordable. Pas comme aujourd’hui où depuis les prix ont été multipliés par dix !
Quelles sont les évolutions majeures que vous avez connues ?
Le quartier a beaucoup changé, est devenu beaucoup plus bobo. Dans le Marais, l’âme de quartier populaire a disparu, des boutiques de marques se sont installées à la place de commerces de proximité et un complexe italien de restauration et épicerie a fait flamber les prix. L’esprit festif a été étouffé par les nouveaux riverains qui souhaitent habiter dans un quartier vivant… mais sans nuisances. Les seules fêtes mémorables qui survivent sont la Fête de la musique et la gay pride qui, chaque année, drainent une foule considérable.
L’annonce de la vente de l’OPEN Café à un fonds d’investissement a suscité quelques critiques expliquant que vous auriez pu vendre à un porteur de projet plus « communautaire ». Qu’est-ce que vous en dites ?
En tant que fondateur du Sneg, vous vous êtes battu dès le début des années 90 pour imposer la prévention dans les établissements gays. Qu’est-ce qui était difficile à l’époque ?
Pour le Sneg, oui comme vous le savez le combat a été rude pour pouvoir faire de la prévention dans les établissements gays. L’utilisation et la distribution de préservatifs étaient considérés comme une incitation à la débauche et passible d’amende. Ce n’est qu’en 1992 qu’on a pu commencer à le faire, après avoir obtenu du Président Mitterrand une circulaire autorisant la distribution de préservatifs dix ans après l’apparition du sida. Cela parait incroyable aujourd’hui.
Votre témoignage sur les années de répression de l’homosexualité publié dans Le Monde était très fort. Quelles ont été les réactions ?
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