JO de Pékin : Quels droits pour la communauté LGBTI+ en Chine ?
La Chine, où débute le 4 février les Jeux olympiques d’hiver, accueille un nombre record d’athlètes LGBTI+ pour l’évènement. Mais qu’en est-il des droits de la communauté dans le pays ? Entre conservatisme et début d’ouverture, gros plan sur la réalité des existences queer en Chine.
Pékin accueille les JO d’hiver à partir du 4 février. Mais qu’en est-il des droits des personnes LGBTI+ dans le pays, alors qu’un nombre important d’athlètes out seront présents en Chine ?
Comme beaucoup d’autres pays, la Chine a attendu la fin des années 90 pour dépénaliser l’homosexualité, considérée jusqu’en 2001 comme maladie mentale. Depuis, des associations de défense des personnes LGBTI+ ont été créées, la première marche des fiertés a eu lieu et des clubs gays et lesbiens se sont ouverts.
Une censure grandissante contre la communauté LGBTI+
Bien qu’il n’existe plus de loi criminalisant l’homosexualité, ces derniers mois ont vu fleurir la censure de contenus liés à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre. En juillet 2021, l’application WeChat qui comptabilise plus d’un milliard d’utilisateurs avait fermé nombre de comptes féministes et LGBTI+.
Encore plus récemment, une note du service interne de l’agence centrale de réglementation, de censure, de surveillance et de contrôle d’internet du pays indiquait que tous les personnages efféminés, sans genre clair ainsi que toute relation entre personnes LGBTI+ allaient désormais être interdits dans les jeux vidéos. En 2016, le pouvoir central chinois avait déjà eu recours à la censure en empêchant la production de la saison 2 de la web-série gay à succès Addicted.
« Don’t ask, Don’t tell »
En réalité, les chinois pratiquent ce qu’on appelle communément le « Don’t Ask, don’t Tell » (« Ne pas demander, ne pas en parler ») en référence à la consigne qui circulait au sein de l’armée américaine jusqu’en 2011 et qui interdisait aux membres des Forces américaines d’évoquer leur orientation sexuelle. Les personnes queers décident le plus souvent de ne pas évoquer leur sexualité quand le reste de la population refuse de s’attarder sur la question.
Dans certaines régions du pays, les choses peuvent aller beaucoup plus loin. Ces dernières années s’est par exemple développée la pratique du “ Xing Hun ”. Ce concept qui consiste à mettre en lien des hommes gays et des femmes lesbiennes afin d’arranger des mariages est devenu très populaire. Grâce à cela, les faux partenaires peuvent présenter un conjoint ou une conjointe à leur parent et leur famille tout en continuant de vivre leur homosexualité en secret.
Le poids de la famille
En Chine, le poids de la famille est très important. Avec la politique de l’enfant unique, beaucoup de parents n’ont qu’un seul enfant. Dès lors, ils n’ont qu’une peur : que leur fils ou leur fille soit gay ou lesbienne et donc que leur descendance ne soit pas assurée. Aujourd’hui encore, il reste difficile pour les chinois LGBTI+ de sortir du placard.
Pour autant cela ne signifie pas que toute vie out est impossible dans l’empire du Milieu. Certaines grandes villes comme Shanghai ou Chengdu (la capitale gay du pays, aussi surnommée Gaydu) sont connues pour être des lieux de vie de la communauté LGBTI+.
Et qui sait, avec au moins 50 millions de Chinois appartenant à la communauté LGBTI+, le pays tout entier finira peut-être par s’ouvrir un jour ?
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