Avec « Lutter, c'est vivre », Vers Paris sans sida célèbre les combats des activistes
Le chanteur Féfé a prêté sa voix pour quatre vidéos rendant hommage aux combats contre les discriminations. Élodie Aïna, directrice de Vers Paris sans sida, nous explique les objectifs de cette campagne.
À l’occasion des quarante ans de l’épidémie de VIH/sida, l’association a voulu rendre hommage, grâce à des vidéos très fortes, aux militant·es contre le sida afin de montrer leur contribution en particulier en matière d’égalité des droits, de lutte contre le racisme ou la transphobie. Nous avons voulu savoir pourquoi Vers Paris sans sida avait fait ce choix pour sa nouvelle campagne intitulée « Lutter, c’est vivre ». Élodie Aïna est aujourd’hui directrice de Vers Paris sans sida, après vingt d’ans d’expériences dans plusieurs ONG internationales et elle a bien voulu répondre aux questions de Komitid.
Komitid : Pourquoi avoir choisi d’axer votre campagne vidéo sur la lutte contre les discriminations ?
Élodie Aïna : Le sida a agi comme un révélateur des inégalités occultées. Malgré leurs combats anciens, le vécu des gays, des usagers·ères de drogue, des personnes trans, des migrant·e·s, des travailleuses du sexe était considéré comme périphérique des grandes causes politiques et sociales. Or, faire en sorte que chacun·e s’approprie les moyens de faire face au VIH par le traitement ou la prévention impose de lier les enjeux du VIH, de la santé et de l’inclusion.
Les films viennent justement souligner que les discriminations font le lit de l’épidémie et que la lutte pour une société plus inclusive est la condition sine qua non de la fin de la transmission. Ils ont été conçus comme un témoignage de gratitude envers les militant·es du sida et de leur engagement pour l’égalité. À travers leurs luttes, ces derniers ont fait avancer les droits de toutes et tous : mariage pour tout·es, reconnaissance de l’homoparentalité, droit au séjour pour soins des étranger·ères malades, condamnation par la loi de la transphobie, etc.
Aujourd’hui, plus que jamais, dans un contexte où la tentation de réduire les droits se fait chaque jour plus tangible, il faut continuer de lutter.
« Ces films ont été conçus comme un témoignage de gratitude envers les militant·es du sida et de leur engagement pour l’égalité »
Paris sans sida travaille aujourd’hui avec la Seine Saint-Denis, pourquoi cet élargissement ?
Le département de la Seine-Saint-Denis est le deuxième le plus touché par l’épidémie de VIH. Cela fait écho aux inégalités sociales de santé mises en évidence par la pandémie de Covid-19. Cette alliance nous permet de mener des politiques publiques cohérentes à l’échelle d’un découpage territorial plus cohérent. La Ville et le Département partagent la même volonté politique de réellement déployer des moyens de prévention combinée, toujours plus inclusifs et égalitaires, pour parvenir à cet objectif commun qu’est la fin des transmissions d’ici 2030.
Santé publique France a montré une forte baisse du dépistage et des nouveaux diagnostics ces derniers mois. Comment analysez-vous la situation et quelles sont vos priorités pour 2022 en matière de prévention ?
En cette fin d’année 2021, la remontée des données vers Santé publique France a été compliquée par la crise du Covid-19. Nous n’avons pas de nouvelles informations épidémiologiques tout à fait solides sur les nouveaux diagnostics. Néanmoins, nous savons qu’en 2020, pendant le premier confinement, un fort coup de frein au dépistage a été observé. Puis la reprise a été moins forte que ce qu’elle aurait dû être pour atteindre notre objectif d’une réduction significative du délai entre le moment de l’infection et celui du diagnostic. Nous savons que nous sommes resté·es en retard sur ce premier palier de ce que l’on appelle la cascade de soins. Le dépistage reste encore le maillon faible.
Notre priorité, c’est de travailler au rattrapage de ce retard causé par la crise sanitaire pour espérer atteindre la fin de la transmission d’ici 2030. Nos actions 2022 : la généralisation de VIHTEST, dispositif de dépistage gratuit et sans ordonnance dans tous les laboratoires ; le renfort des capacités de dépistage des acteurs communautaires (TROD, autotest) ; la promotion la PrEP auprès du grand public, des professionnel.le.s de santé et des populations clés.
Découvrez les quatre vidéos de la campagne :
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